Poème 'Sur les affaires du temps' de Paul SCARRON

Sur les affaires du temps

Paul SCARRON

Le roi s’en est allé, son Éminence aussi ;
Le courtisan escroc sans contenter son hôte,
Jurant qu’à son retour il comptera sans faute
Pique le grand chemin en botte de roussi.

Les officiers du roi sont fort rares ici ;
Et la gent de justice et celle de maltôte
A le haut du pavé et va la tête haute
En l’absence du roi qui va vers Beaugency.

Les faubourgs ne sont plus infectés de soudrille ;
Enfin toute la cour vers la Guienne drille :
Les uns disent que si, les uns disent que non.

On dit que l’on va faire un exemple en Guienne,
On dit que sans rien faire il faudra qu’on revienne,
Et moi je voudrais bien avoir un bon melon.

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Commentaires

  1. Scarron se fout du roi, et du ministre aussi.
    Si le malheur du temps fait le bonheur de l'hôte,
    Scarron, si sage et fou, sera heureux, sans faute,
    Sur son large fauteuil paisiblement assis.

    De guerre et gouvernance, il n'a point le souci,
    Mais de bonne salade et de bonne entrecôte,
    Et d'un bon seau à glace et d'un bouchon qui saute,
    Et que le pain, surtout, ne soit point trop rassis.

    Scarron, j'aime ta plume, elle est d'un joyeux drille,
    J'imagine ton oeil qui de malice brille
    En demandant au roi de cueillir un melon.

    Tu as ta belle humeur, le monarque a la sienne,
    Et tu te fous du roi, mais qu'à cela ne tienne,
    Le roi aime s'asseoir pour rire en ton salon.

  2. Monarque hybride
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    Le cerf porte des bois, le roi les porte aussi,
    C’est l’oeuvre d’un sorcier qui jadis fut son hôte ;
    Il dut payer ainsi je ne sais quelle faute,
    Il ne craint pourtant pas de s’exhiber ainsi.

    Concernant le royaume, il a d’autres soucis,
    Les Varègues souvent débarquent sur nos côtes ;
    Quand ce ne sont pas eux, ce sont les Argonautes,
    Le sort de nos armées toujours est indécis.

    Notre premier Ministre a le corps d’un gorille,
    Lui qui, malgré cela, par sa sagesse brille ;
    Il cite Confucius, ou Platon, c’est selon.

    Au bord des grands chemins, les mages vont et viennent,
    Mais que faut-il penser du savoir qu’ils détiennent ?
    Un rhapsode pourrait nous en dire plus long.

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