Poème 'À Mlle Almita Leduc' de Louis-Honoré FRÉCHETTE dans 'Les Oiseaux de neige'

À Mlle Almita Leduc

Louis-Honoré FRÉCHETTE
Recueil : "Les Oiseaux de neige"

Ô ma chère Almita, dis-moi, t’en souvient-il ?
Ce n’était qu’un bébé, tu n’étais qu’un doux ange ;
Et Dieu sait quel courant de sympathie étrange
Vous pénétra tous deux de son charme subtil.

Puis l’âge vint ; la vie est un décor qui change.
Pourtant, presque mourant, quand il revint d’exil,
Ton nom fit souvent poindre une larme à son cil :
Du temps et de l’oubli toujours le cœur se venge.

Tout est passé, ma chère ; et ton petit ami
Repose maintenant dans sa tombe endormi ;
Si fragile est la base où tout espoir se fonde !

Il dort, et j’attends l’heure où, pensive, à genoux,
Celle qui l’eût aimé viendra, seule avec nous,
Laisser tomber un pleur sur la fosse profonde.

(1902)

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