Poème 'Journaliste pieux' de Louis-Honoré FRÉCHETTE dans 'Les Oiseaux de neige'

Journaliste pieux

Louis-Honoré FRÉCHETTE
Recueil : "Les Oiseaux de neige"

Sur le trottoir, un jour, vous heurtez par mégarde
Un être qui sans voir allait clopin-clopant.
Poli, vous demandez pardon au sacripant,
Qui baisse devant vous sa paupière hagarde.

Le sire, avec son air cauteleux et rampant,
Voudrait vous étriper, mais quelqu’un le regarde :
Il arrondit le dos et passe… Prenez garde !
Vous avez mis le pied sur un vilain serpent.

Voyez-le s’éloigner, il louvoie, il sournoise ;
Son astuce déjà songe à vous chercher noise ;
Il vous fera savoir demain ce qu’elle vaut.

Où va-t-il ? Inventer pour vous quelque supplice ?
Vous tendre un traquenard ? ameuter la police ?
Non, il va rédiger quelque article dévot !

(1902)

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Commentaires

  1. Le pire est à craindre
    Quand Tartuffe a pris sa plume :
    L'encre est du poison.

  2. Ah, que Dieu les garde,
    Ces penseurs flippants !
    Ou que le grand Pan
    Nous les entrelarde.

  3. Monstre pieux
    -------------

    Par les archanges qui me gardent,
    J’échappe à tous les guets-apens ;
    Si j’ai péché, je me repens,
    Jamais mes travers je ne farde.

    Sans craindre les démons rampants,
    Je chante comme un joyeux barde ;
    Je ris au nez de la Camarde,
    Je pose un pied sur le Serpent.

    Mon âme jamais ne chinoise,
    Car elle est loin d’être sournoise ;
    Saint Pierre sait ce qu’elle vaut.

    « La vertu n’est pas un supplice »
    Dit le curé de Saint-Sulpice ;
    Ce proverbe n’est pas nouveau.

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