Poème 'De notre état qui empire' de ATOS

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De notre état qui empire

ATOS

Pièce en actes :  Acte V – Scène V
Les personnages : le seigneur, le général, le valet, la rue.

La scène se déroule dans un palais là où coule la Seine. Le seigneur est sur une chaise. Le général se tient debout près de lui. Les deux hommes ont l’air de songer. On entend les bruits de la rue. Un valet rentre et ferme la fenêtre. Le valet sort.

Le seigneur :
- Vous dites, général, que la cité nous parle ?

Le général :
- Oui, Seigneur, depuis matin sur les quais, sur nos marchés, et jusque dans nos ateliers,
il est dit en tout coin, Seigneur, que votre état empire chaque jour…

Le seigneur :
- Voilà donc de ces rumeurs qui me mettent de bien méchante humeur !

Le général :
- Il n’y a d’humeur que pour celui qui s’enrhume.

Le seigneur :
- Vous dites Général ?

Le général :
- Je dis qu’au lieu de demander à vos valets de fermer vos fenêtres il conviendrait de prendre un peu de l’air qui vous vient de cette rue.

Le seigneur :
- N’est ce pas de cette façon qu’un bonhomme s’enrhume ?

Le général :
- Croyez moi, Seigneur, cela ne risque point d’empirer votre cause et soulagera grandement votre état.
Sans compter que cela rendra à ce palais un peu de cet air que hier, encore, la moitié de la rue tenait à son gout comme une bonne chose.

Le seigneur :
- la rue, dites vous ?

Le général :
- La rue, seigneur.

Le seigneur :
- L’air de la rue ?

Le général :
- Pour bien chanter un texte, Seigneur il faut bien comprendre toutes ses paroles.
Des rengaines de rue naissent parfois des poèmes. N’attendez pas, Seigneur, que d’autres, de méchante venue, viennent bientôt leur chanter un triste réquiem.

Le seigneur :
- Des alarmes me viennent…
Est ce cela…. le mauvais sang ?

Le général :
- C’est, sans doute, parce que vous sentez déjà ces odeurs que vous apportera bientôt la Seine…

Le seigneur :
- La rue commence elle a avoir des humeurs malsaines… ?

Le général :
- Un palais qui laisse couler le pus infecte toujours le nez de la rue.

Le seigneur :
- Mais vous me disiez d’ouvrir mes fenêtres…

Le général :
- Je dis, surtout, Seigneur, que ce que votre esprit se refuse à renifler risque fort de tomber bientôt sur le nez de la rue.
Et cela… comme un couperet.

Le seigneur :
- Il faut donc que je leur parle…

Le général :
- Un conseil, Seigneur..
Mouchez vous avant de leur parler.
Un nez propre donne toujours à la bouche des mots d’honnêteté.

Le seigneur :
- Un mouchoir, qu’on m’apporte mon mouchoir!
Pourquoi n’y a t il jamais de valet lorsque j’ai besoin d’un geste sensé?

Le général :
( il lui tend son mouchoir)
- Tenez.
Je vous suis, mais avant, ici, je pose mes armes.

Le seigneur :
- Mais Général, sans armes et dans la rue…

Le général :
- Qu’aurait donc à faire d’une cane un homme qui a bien nouvelle santé s’il ne croyait pas en son pas ce qu’il vient ici avancer ?!

Le seigneur :
- Sans doute…..Sans doute….Passons la porte !

Le général :
- Passons la vite avant que nous ne soyons obligés de la prendre.

Le seigneur :
- Pourquoi devrions nous la prendre…. ? je me le demande… !

Le général :
- Seigneur voilà est une chose qui ne se demande pas.
Mais que certains pourraient bien venir exiger.

Le seigneur :
- Me voilà dans de beaux draps…
( il se mouche )

Le général :
- Oui, mais dans quel état….

Les deux hommes sortent, on entend les bruits de la rue, un valet passe et prend la chaise, il sort, la salle reste vide.

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