Poème 'Delfica' de Gérard de NERVAL dans 'Odelettes'

Delfica

Gérard de NERVAL
Recueil : "Odelettes"

La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l’olivier, le myrte, ou les saules tremblants
Cette chanson d’amour qui toujours recommence ? …

Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense,
Et les citrons amers où s’imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l’antique semence ? ..

Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique …

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l’arc de Constantin
- Et rien n’a dérangé le sévère portique.

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Commentaires

  1. Vieux récit
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    Le dit du charpentier n'est point une romance
    Qu'on se réciterait en buvant du vin blanc ;
    C'est un sombre récit qu'on évoque en tremblant,
    Et qui ne finit point aussi bien qu'il commence.

    Un prophète perdu sur cette Terre immense,
    Exposé dès l'abord aux sarcasmes mordants :
    Il insista, disant bienheureux les perdants,
    Et que lève le blé quand se meurt la semence.

    Un peuple se nourrit de ses fables, toujours,
    Et des imprécations du dernier de ses jours,
    Quand un larron douta de ses dons prophétiques ;

    J'en appris autrefois, dans un livre, en latin,
    (D'autres vont préférer le grec de Constantin),
    Et je me les récite, au soir, sous les portiques.

  2. Oiseau blanc
    -----------

    C'est un oiseau de rêve, un oiseau de romance,
    Le soleil se reflète en son plumage blanc ;
    Il aime contempler son beau reflet tremblant
    Dans un grand lac d'azur, lorsque le jour commence.

    Il n'est jamais perdu sur cette Terre immense,
    Il ne craint point l'assaut des carnassiers mordants;
    Le long de son parcours, jamais ne se perdant,
    Il visite les lieux dont il a souvenance.

    Ses enfants sont nourris des meilleurs fruits, toujours,
    Des pommes du jardin qu'il cueille au long du jour,
    Sans prêter attention au serpent prophétique.

    Puis on l'entend chanter sa prière en latin,
    (Mais il ne croit en rien, cet oiseau plaisantin) ;
    Les gens, pour l'écouter, s'assoient sous les portiques.

  3. Punition divine

    Elle qui croyait vivre une grande romance,
    De celles qui conduisent à se vêtir de blanc
    Pour s’unir à jamais, l’œil, de joie, se troublant
    Au moment du baiser ! Les ennuis recommencent :

    Comme elle ne veut pas, du fait d’un mal immense,
    D’un rapport sexuel, son ancien prétendant
    (Devenu son amant), sa dignité perdant,
    Tente de la forcer à vider sa semence.

    Ses assauts sont contrés, mais il revient toujours,
    La violence s’accroit, elle craint pour ses jours,
    Et prie en dernier lieu, n’étant pas hérétique.

    C’est alors qu’un éclair tue le vil Constantin,
    Preuve que le bon Dieu, c’est pas du baratin ;
    À l’appel du croyant, il n’est pas hermétique.
    Réponse

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Gérard de NERVAL

Portait de Gérard de NERVAL

Gérard de Nerval, pseudonyme de Gérard Labrunie, né à Paris le 22 mai 1808 et mort à Paris le 26 janvier 1855, était un poète français. Il passe son enfance dans le Valois, dont les paysages furent source d’inspiration. A Paris, il mène une vie de bohème, fréquente le ‘Cénacle’ de Victor Hugo puis publie une... [Lire la suite]

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