Poème 'Éloge du lointain' de Paul CELAN dans 'Pavot et mémoire'

Éloge du lointain

Paul CELAN
Recueil : "Pavot et mémoire"

Dans la source de tes yeux
vivent les nasses des pêcheurs de la mer délirante.
Dans la source de tes yeux
la mer tient sa parole.

J’y jette,
coeur qui a séjourné chez des humains,
les vêtements que je portais et l’éclat d’un serment:

Plus noir au fond du noir, je suis plus nu.
Je ne suis, qu’une fois renégat, fidèle.
Je suis toi, quand je suis moi.

Dans la source de tes yeux
je dérive et rêve de pillage.

Une nasse a capturé dans ses mailles une nasse:
nous nous séparons enlacés.

Dans la source de tes yeux
un pendu étrangle la corde.

1952

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Commentaires

  1. Merci de faire connaître ce beau poème aux internautes !
    Je vous serais reconnaissant si vous me permettiez de laisser un lien vers une illustration - images et musique - de cet Eloge du lointain :
    https://www.youtube.com/watch?v=gHggr1O4yuk

    A bientôt,
    mrPessoa

  2. Sapin lointain
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    Ici vécurent mes ancêtres,
    Qui leur sagesse m’ont légué ;
    D’eux-mêmes toujours étant maîtres,
    Ils savaient l’art de dialoguer.

    Dans la forêt qui me vit naître
    Vivent des hôtes distingués :
    La noble dryade du hêtre
    Et le vieux faune aimant draguer.

    L’écureuil danse en haut du chêne,
    Les oiseaux bavards se déchaînent ;
    Ils disent que ce monde est beau.

    Mes frères, qu’un bûcheron blesse,
    Conservent toute leur noblesse,
    Comme les gisants des tombeaux.

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