Poème 'Étendards – À Nîmes' de Guillaume APOLLINAIRE dans 'Calligrammes'

Étendards – À Nîmes

Guillaume APOLLINAIRE
Recueil : "Calligrammes"

A Émile Léonard.

Je me suis engagé sous le plus beau des cieux
Dans Nice la Marine au nom victorieux

Perdu parmi 900 conducteurs anonymes
je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes

L’Amour dit Reste ici Mais là-bas les obus
Épousent ardemment et sans cesse les buts

J’attends que le printemps commande que s’en aille
Vers le nord glorieux l’intrépide bleusaille

Les 3 servants assis dodelinent leurs fronts
Où brillent leurs yeux clairs comme mes éperons

Un bel après-midi de garde à l’écurie
J’entends sonner les trompettes d’artillerie

J’admire la gaieté de ce détachement
Qui va rejoindre au front notre beau régiment

Le territorial se mange une salade
À l’anchois en parlant de sa femme malade

4 pointeurs fixaient les bulles des niveaux
Qui remuaient ainsi que les yeux des chevaux

Le bon chanteur Girault nous chante après 9 heures
Un grand air d’opéra toi l’écoutant tu pleures

Je flatte de la main le petit canon gris
Gris comme l’eau de Seine et je songe à paris

Mais ce pâle blessé m’a dit à la cantine
Des obus dans la nuit la splendeur argentine

Je mâche lentement ma portion de boeuf
Je me promène seul le soir de 5 à 9

Je selle mon cheval nous battons la campagne
Je te salue au loin belle rose ô tour Magne

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Nef dansante
    -----------------

    Petite nef d’argent sous le plus vif des cieux,
    Vent du Nord et du Sud te poussent en tous lieux ;
    Contre ces vents puissants que les grands dieux animent,
    Ton équipage ardent jamais ne s’envenime.

    Chantent les matelots, sitôt qu’ils ont bien bu,
    Ceux-là qui sont vaillants, ceux-là qui sont fourbus,
    On ne sait où on va, mais il faut qu’on y aille,
    Contre les éléments, c’est toujours la bataille.

    Le noble capitaine est aussi fort qu’un boeuf,
    Sa veste est de coton, son pantalon est neuf ;
    Si le succès lui vient après cette campagne,
    À tous ceux du navire il ofrre le champagne.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS