Poème 'La Fumée' de Théophile GAUTIER dans 'Poésies nouvelles et inédites'

La Fumée

Théophile GAUTIER
Recueil : "Poésies nouvelles et inédites"

Souvent nous fuyons en petit coupé,
Car chez moi toujours la sonnette grince.
Et les visiteurs qu’en vain l’on évince
Chassent le plaisir de mon canapé.

Couple par l’amour et l’hiver groupé,
Nous nous serrons bien, car la bise pince ;
Sur mon bras se cambre un corps souple et mince,
D’un châle à longs plis bien enveloppé.

Dans une voiture au pas et fermée,
Pour nous embrasser, il serait bourgeois
De baisser le store au milieu du Bois ;

J’allume un cigare, et ma bien-aimée
Un papelito roulé par ses doigts,
Et l’Amour, pour voile, a cette fumée.

1868

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Commentaires

  1. Bref manuscrit
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    Sur un blanc papier pas très bien coupé,
    Parfois l'on entend ma plume qui grince
    En faisant surgir quelques traits fort minces,
    Comme les motifs d'un vieux canapé.

    Les mots n'aiment point se trouver groupés,
    Chacun voudrait bien revoir sa province
    Ou l'humble planète où il serait prince ;
    Mais, tant bien que mal, il sont attroupés.

    De cette assemblée, pas bien enfermée,
    Ne sort nul décret, ne vient nulle loi :
    Juste un peu de chaud, juste un peu de froid.

    Car ces petits mots, cette engeance aimée,
    Même assez nombreux, sont de peu de poids :
    Les mots que j'écris ne sont que fumée.

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