Poème 'La Prière d’Adam' de Léon DIERX dans 'Les Lèvres closes'

La Prière d’Adam

Léon DIERX
Recueil : "Les Lèvres closes"

Songe horrible ! ― la foule innombrable des âmes
M’entourait. Immobile et muet, devant nous,
Beau comme un dieu, mais triste et pliant les genoux,
L’ancêtre restait loin des hommes et des femmes.

Et le rayonnement de sa mâle beauté,
Sa force, son orgueil, son remords, tout son être,
Forme du premier rêve où s’admira son maître,
S’illuminait du sceau de la virginité.

Tous écoutaient, penchés sur les espaces blêmes,
Monter du plus lointain de l’abîme des cieux
L’inextinguible écho des vivants vers les dieux,
Les rires fous, les cris de rage et les blasphèmes.

Et plus triste toujours, Adam, seul, prosterné,
Priait ; et sa poitrine était rougie encore,
Chaque fois qu’éclatait dans la brume sonore
Ces mots sans trêve : « Adam, un nouvel homme est né ! »

― « Seigneur ! Murmurait-il, qu’il est long, ce supplice !
Mes fils ont bien assez pullulé sous ta loi.
N’entendrai-je jamais la nuit crier vers moi :
« Le dernier homme est mort ! Et que tout s’accomplisse ! »

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Léon DIERX

Portait de Léon DIERX

Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le 31 mars 1838 et mort à Paris le 12 juin 1912, est un poète parnassien et peintre académique français. Léon Dierx naît dans la villa de Saint-Denis aujourd’hui appelée villa Déramond-Barre, que son grand-père a rachetée en 1830. Il y vit jusqu’en 1860, année de son... [Lire la suite]

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