Poème 'Le dormeur du val' de Arthur RIMBAUD dans 'Poésies'

Le dormeur du val

Arthur RIMBAUD
Recueil : "Poésies"

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Commentaires

  1. Sans aucun doute mon poème préféré (et sûrement celui de beaucoup de personnes).
    Il y a tout ici : calme, beauté de la nature, froideur de la mort. La découverte à la fin de la situation du jeune soldat nous refait lire le poème d'un autre œil. Ce glissement du sommeil à la mort est magnifique.

    Et dire que Rimbaud était un tout jeune adolescent à l'écriture de ces vers. Le talent n'a pas d'âge.

    Je serais curieux de me remémorer ma réaction à la première lecture de ce poème, et surtout du dernier vers ...

  2. Tres beau poeme en effet !
    Je l'ai meme sous verre sur mon bureau
    de ma maison du Morbihan .
    Et j'y suis tres attachee , il me
    semble bien que c'est un de mes fils
    qui l'y a glisse .
    Poeme a lire et a relire !!!!!

  3. J'ai adore ce poème! Il est beau avec une fin tragique mais tout de mime magnifique. Un superbe poème engagé

  4. C'est peut-être un poème engagé... oui... en hommage à l'armée républicaine en guerre contre les Prussiens...

  5. Le plus beau poème d’Arthur Rimbaud à mon avis...

  6. c'est mon poème prisé.Il déplore la guerre sans mentionner le sang.poète talentueux...Rimbaud le restera.

  7. Vol à l'arraché

    Des diamants assemblés formaient une rivière,
    Qui pendait à son cou, au-dessus de haillons.
    Sur ce don de sa mère, dont elle était très fière,
    Les jours de grand soleil, se miraient des rayons

    (Le bijou scintillait, y compris sous les nues,
    Mais plus intensément quand le ciel était bleu).
    Sans son bel ornement, elle se sentait nue,
    Son humeur ressemblait à Paris lorsqu’il pleut.

    Un autre sans-abri le lui arracha comme
    Il passait près d’elle, il le vola, en somme.
    Elle ne bougea pas, grand était son effroi,

    D’autant que le voleur, lui heurtant la narines,
    De l’hémoglobine coulait sur sa poitrine,
    Si je me souviens bien, c’était du côté droit.

    misquette.wordpress.com

  8. Oiseau de la friche
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    Un oiseau, pour chanter, se cache au creux du lierre
    Pendant que nous buvons et que nous rimaillons ;
    Autour de nous, ce sont la friche familière
    Et le petit jardin auquel nous travaillons.

    À l’ombre d’un bouleau, je vois la fourmilière
    Dont les noirs habitants forment leurs bataillons ;
    Voudront-ils explorer la maison de meulière,
    Ou visiter la vigne aux étroits cavaillons ?

    L’oiseau ne reste ici nullement pour les hommes,
    Il profite du lieu, il chante pour sa pomme,
    Quand le temps se réchauffe ou quand les jours sont froids.

    Il reprendra son vol, dans la brise marine,
    Pour aller se poser aux rives méandrines ;
    Il prend une cerise, il en a bien le droit.

  9. Manoir de sinople
    --------

    Nous avons notre gîte au fond de la rivière,
    Si vaste qu’il pourrait loger un bataillon ;
    Nous bavardons avec nos carpes familières,
    Avec le bon brochet parfois nous ripaillons.

    La rivière est de l’eau, ce n’est pas de la bière,
    C’est ardu à changer, mais nous y travaillons ;
    On ne peut l’obtenir par la voie coutumière,
    Le problème est confus, nous le débroussaillons.

    Les ondins du cours d’eau valent mieux que des hommes,
    Jamais aucun d’entre eux n’aurait mangé la pomme :
    Ils craignent le serpent, car c’est un monstre froid.

    Ils aiment ce milieu plus que les eaux marines,
    Car le sel endommage et meurtrit leurs narines ;
    Puis, les ondines sont toujours en cet endroit.

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Arthur RIMBAUD

Portait de Arthur RIMBAUD

Arthur Rimbaud (Jean Nicolas Arthur Rimbaud) est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville, dans les Ardennes, et mort le 10 novembre 1891 à l’hôpital de la Conception à Marseille. Lycéen brillant et poète précoce, Arthur Rimbaud excelle dans les compositions latines, parmi lesquelles on trouve ses plus... [Lire la suite]

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