Poème 'Le grand coup de machette du plaisir rouge en plein front' de Aimé CÉSAIRE dans 'Les armes miraculeuses'

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Le grand coup de machette du plaisir rouge en plein front

Aimé CÉSAIRE
Recueil : "Les armes miraculeuses"

Le grand coup de machette du plaisir rouge en plein front

Il y avait du sang et cet arbre qui s’appelait le flamboyant et qui ne mérite jamais mieux ce nom-là que les veilles de cyclone et de villes mises à sac

le nouveau sang la raison rouge tous les mots de toutes les langues qui signifient mourir de soif et seul

quand mourir avait le goût du pain et la terre et la mer un goût d’ancêtre

et cet oiseau qui me crie de ne pas me rendre et la patience des hurlements à chaque détour de ma langue

la plus belle arche et qui est un jet de sang

la plus belle arche et qui est un cerne lilas

la plus belle arche et qui s’appelle la nuit

et la beauté anarchiste de tes bras mis en croix

et la beauté eucharistique qui flambe de ton sexe

au nom duquel je saluais le barrage de mes lèvres violentes

Il y avait la beauté des minutes qui sont les bijoux au rabais du bazar de la cruauté le soleil des minutes

et leur joli museau de loup que la faim fait sortir du bois de la croix-rouge des minutes

qui sont les murènes en marche vers les viviers et les saisons et les fragilités immenses de la mer

qui est un oiseau fou cloué feu sur la porte des terres cochères

il y avait jusqu’à la peur telles que le récit de juillet des crapauds de l’espoir et du désespoir élagués d’astres au dessus des eaux là où la fusion des jours qu’assure le borax fait raison des veilleuses gestantes

les fornications de l’herbe à ne pas contempler sans précaution

les copulations de l’eau reflétées par le miroir des mages

les bêtes marines à prendre dans le creux du plaisir

les assauts de vocables tous sabord fumants pour fêter la naissance de l’héritier mâle en instance parallèle avec l’apparition des prairies sidérales au flanc de la bourse aux volcans d’agaves d’épaves de silence

le grand parc muet avec l’agrandissement silurien de jeux muets aux détresses impardonnables de la chair de bataille selon le dosage toujours à refaire des germes à détruire

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