Poème 'Le pardon' de René-François SULLY PRUDHOMME dans 'Epaves'

Le pardon

René-François SULLY PRUDHOMME
Recueil : "Epaves"

Pour peu que votre image en mon âme renaisse,
Je sens bien que c’est vous que j’aime encor le mieux.
Vous avez désolé l’aube de ma jeunesse,
Je veux pourtant mourir sans oublier vos yeux,

Ni votre voix surtout, sonore et caressante,
Qui pénétrait mon coeur entre toutes les voix,
Et longtemps ma poitrine en restait frémissante
Comme un luth solitaire encore ému des doigts.

Ah ! j’en connais beaucoup dont les lèvres sont belles,
Dont le front est parfait, dont le langage est doux.
Mes amis vous diront que j’ai chanté pour elles,
Ma mère vous dira que j’ai pleuré pour vous.

J’ai pleuré, mais déjà mes larmes sont plus rares ;
Je sanglotais alors, je soupire aujourd’hui ;
Puis bientôt viendra l’âge où les yeux sont avares,
Et ma tristesse un jour ne sera plus qu’ennui.

Oui, pour avoir brisé la fleur de ma jeunesse,
J’ai peur de vous haïr quand je deviendrai vieux.
Que toujours votre image en mon âme renaisse !
Que je pardonne à l’âme au souvenir des yeux !

Poème préféré des membres

highhopes a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

René-François SULLY PRUDHOMME

Portait de René-François SULLY PRUDHOMME

René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS