Poème 'Le plumeau' de ATOS

Le plumeau

ATOS

Mon crâne est plein de pensées têtues et roides
qui tissent d’étranges élans entre les pattes de mon arbre.
Des racines reptiles me donnent la fièvre et cela non sans mal.
Depuis quinze jours, c’est dit. Je dois quitter ma branche.
Mais comment donc tomber de cet arbre ?
Je n’ai connu que ce hamac de paille et le bruit tisserand de son feuillage, et je piétine sur les vestiges de mon berceau.
Il y a une vingtaine de jours une douleur d’épines m’a saisi le dos.
Durant trois jours je n’ai cessé d’ouvrir le bec.
J’ai, de naissance, entre mes épaules deux copeaux de misère qui me gênent et qui me tuent la peau. Il m’a semblé que cette douleur nouvelle voulait soulever mon pauvre dos.
Et puis j’ai vu ces deux têtards se couvrir d’une manière qui me porte fièrement l’air d’un plumeau.
« A tire d’aile ! » me gueulait le merle haut.
J’aurai bien vertement répondu à cette volaille par quelques gourmandises d’oiseaux mais étant resté par trop longtemps le bec grand ouvert je n’avais gobé que de l’air et me retrouvais le ventre aussi vide que la tête de ce pauvre Caillot.
Triste fermier de rase campagne qui se croit l’unique propriétaire de notre arbre et qui devient chaque jour de plus en plus idiot. …
Caillot vieillit je crois.
Et moi pendant que je vous parle , la fièvre est tombée de mon crâne.
Adieu mon arbre, adieu le merle, adieu Caillot !
Maintenez le ciel ouvert, il vous en tombera quelques nouvelles de moi sur le bord de votre chapeau, ou dans le coin d’une flaque d’eau.
Adieu duvet de mon âge, fièvre, racines et vert branchage !.
Tenez vous bien , je suis devenu un oiseau.

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