Poème 'Le temps perdu' de René-François SULLY PRUDHOMME dans 'Les vaines tendresses'

Le temps perdu

René-François SULLY PRUDHOMME
Recueil : "Les vaines tendresses"

Si peu d’oeuvres pour tant de fatigue et d’ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…

« Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui,
« Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
« Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
« Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui. »

Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.

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Commentaires

  1. Sans rechercher le temps perdu PdP 12-4-13
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    Le temps jamais ne parle, et n’a point de visage.
    Il nous défait, sans même entreprendre un combat ;
    Comme dans la tourmente un vieil arbre s’abat,
    Laissant indifférent l’agreste paysage.

    À chacun d’entre nous d’accepter ses ravages.
    En quittant nos régions, nous ne le fuyons pas ;
    Le sombre métronome, allant d’un grave pas,
    Se fait entendre aussi sur les lointains rivages.

    En arrière de nous est un temps déjà long,
    Nous en avons perdu les plus anciens jalons,
    Premières excursions et premiers pas de danse.

    Acceptons ce déclin, c’est le jeu, c’est la loi.
    Restent quelques sonnets, qui sont de peu de poids,
    Pour servir de témoin à nos brèves présences.

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René-François SULLY PRUDHOMME

Portait de René-François SULLY PRUDHOMME

René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]

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