Poème 'Les germes' de ATOS

Les germes

ATOS

Voici l’homme qui sur son chemin fer part conquérir les cités de l’acier.
Il s’amidonne dans son propre respect qui l’achète chaque jour au grand marché.
Il se contorsionne pour bien faire entrer dans son heaume toutes les raisons pour lesquelles il part matin se sacrifier.
Il est réplique de l’ordre
il est réplique au désordre.
Il est écartelé.
Chaque jour davantage condamné.

Voilà la femme qui sur un chemin de terre part acheter les remugles de l’acier
Elle compte et additionne les écus qui lui sont tombés dessus
du haut des tours d’acier.
Elle se chiffonne, et se matrone, pour faire entrer dans ses chairs tous les poisons qui l’immolent sur le bûcher des vanités.
Elle est bardée d’icônes dans une niche de papier glacé.
Elle est barbelée.
Chaque jour d’avantages corsetée.

La cité a besoin d’hommes !
Ordre ici est d’enfanter !
Les tours d’acier ont crevé l’oeil du ciel.
Il faut gagner !
Gagner au sens propre de la cité !

Voilà l’enfant.
Mais l’enfant n’existe pas.
L’enfant deviendra.
Il est supposition de la cité.
Voilà le regard que la cité lui porte
à porte et à toute volée.
L’enfant aura, mais il n’est pas.
Il est nourri aux graines d’acier.
Il doit apprendre la dureté du fer
et savoir porter sa langue sous la terre.
Il doit être autorisé.
Voila son seul droit de cité.

Cliquetis de silence,
bavure de cendres,
silhouettes décomposées,
Pavements d’absence,
la lumière quitte la cité.

Et puis voici l’Être.
Il est aux portes d’acier.
Sortie – entrée, il n’en a aucune idée.
Il est.
Voilà qu’il marche, parcourt la grande cécité,
il sent l’haleine cheminées de la froide cité.
L’être a voyagé.
Longtemps.
Il est chargé de mémoire, il porte tous les orages de l’humanité.
L’être sait la peine de l’homme,
il sait la peur de la femme,
Il sait le cauchemar de l’enfant.
Dans le désert, il a entendu les machines de la cité.
Voici l’Être qui ne peut se battre avec les géants d’acier.
Perdre- gagner – Il refuse l’idée.
Alors l’être le long du chemin de fer plante des paroles oubliées
Il touche la terre, et glisse dans son ventre toutes les germes de l’été.
Il écoute l’enfant et le pousse à dire, à parler, à laisser couler les torrents de sa pensée.

Il souffle verbe et beauté
partout sur les murs et dans les rues de la cité.

La cité tremble.

Tous commencent à se rappeler.
Ils sont plantés au cœur de l’espéré.

La cité grince, elle rouille par sa monnaie.

Tous commencent alors à se rêver.

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