Poème 'Marcher d’un grave pas, et d’un grave sourcil' de Joachim DU BELLAY dans 'Les Regrets'

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Marcher d’un grave pas, et d’un grave sourcil

Joachim DU BELLAY
Recueil : "Les Regrets"

Marcher d’un grave pas, et d’un grave sourcil,
Et d’un grave souris à chacun faire fête,
Balancer tous ses mots, répondre de la tête,
Avec un Messer non, ou bien un Messer si :

Entremêler souvent un petit E cosi,
Et d’un Son Servitor contrefaire l’honnête,
Et comme si l’on eût sa part en la conquête,
Discourir sur Florence, et sur Naples aussi :

Seigneuriser chacun d’un baisement de main,
Et suivant la façon du courtisan Romain,
Cacher sa pauvreté d’une brave apparence :

Voilà de cette cour la plus grande vertu,
Dont souvent mal monté, mal sain, et mal vêtu,
Sans barbe et sans argent on s’en retourne en France.

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Commentaires

  1. Plume admirable
    ______________

    Du Bellay nous émeut par son verbe précis,
    Qu'il dise un jour normal ou un matin de fête ;
    Il plante le décor sans se prendre la tête,
    Personnages debout, personnages assis,

    On trouve en le lisant que la vie est ainsi,
    On est dans le respect de ce rhapsode honnête,
    On rit lorsque l'auteur évoque une conquête,
    Une table servie, et du vin rouge, aussi.

    Du Bellay, ces écrits qui sortent de ta main
    Sont un précieux tableau des empires humains ;
    En quelques traits bien noirs, tu en dis l'apparence,

    Et, de ta plume ayant savouré la vertu,
    Je te tiens pour celui qui a le mieux vêtu
    De merveilleux habits nos muses de la France.

  2. Portemouche
    ------------

    Portemouche, en un jour, ne fait rien de précis ;
    Il est parfois vaseux, les lendemains de fête ;
    Il écrit des sonnets sans se prendre la tête,
    Ça ne le gêne pas d’être toujours assis,

    Il naquit en pensant que la vie est ainsi,
    Que l’on soit un truand, que l’on soit bien honnête,
    Douteux sont les succès, vaines sont les conquêtes ;
    La bière est apaisante, et le vin rouge, aussi.

    Portemouche, en un jour, ne fait rien de ses mains,
    Ressemblant, sur ce point, à de nombreux humains ;
    Il a laissé tomber le soin des apparences.

    Or, de sa plume il peut savourer la vertu,
    Et ses divers propos, de rimes revêtus
    Font sourire, parfois, les muses de la France.

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Joachim DU BELLAY

Portait de Joachim DU BELLAY

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]

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