Poème 'Notre vie est semblable à la lampe enfumée…' de Jean-Baptiste CHASSIGNET dans 'Mespris de la vie et consolation contre la mort'

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Notre vie est semblable à la lampe enfumée…

Jean-Baptiste CHASSIGNET
Recueil : "Mespris de la vie et consolation contre la mort"

Notre vie est semblable à la lampe enfumée,
Aux uns le vent la fait couler soudainement,
Aux autres il l’éteint d’un subit soufflement
Quand elle est seulement à demi allumée,

Aux autres elle luit jusqu’au bout consumée,
Mais, en fin, sa clarté cause son brûlement :
Plus longuement elle art, plus se va consumant,
Et sa faible lueur ressemble à sa fumée.

Même son dernier feu est son dernier coton
Et sa dernière humeur que le trépas glouton
Par divers intervalle ou tôt ou tard consume.

Ainsi naître et mourir aux hommes ce n’est qu’un
Et le flambeau vital qui tout le monde allume,
Ou plus tôt ou plus tard, s’éloigne d’un chacun.

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Commentaires

  1. Assemblées d'autrefois
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    Je me souviens de nos discussions enfumées.
    Parfois, l'un d'entre nous riait soudainement ;
    Un autre discourait sans nul essoufflement,
    Plus d'une controverse ainsi fut allumée

    Puis oubliée avant que d'être consumée ;
    Notre assemblée ne fut jamais un parlement.
    Nul souci de sérieux dans nos choix d'arguments,
    Jamais plus consistants que la fine fumée

    Qui semblait changer l'air en grisâtre coton.
    Aucun de ces parleurs ne se montrait glouton,
    Tous paraissaient nourris par cette folle brume.

    Ce souvenir est vain, ou plutôt, ce n'est qu'un
    Accès de nostalgie que le grand âge allume :
    Oui, c'était le bon temps, se dit tout un chacun.

  2. Lampe en veilleuse
    --------------

    La nuit vient, je reste allumée,
    Tu me vois briller faiblement ;
    Je t’aide en tes déplacements,
    C’est ma servitude assumée.

    Les chandelles sont consumées,
    Qui ne durèrent qu’un moment ;
    La maison dort profondément,
    Même la cuisine enfumée.

    L’horloge et moi, nous écoutons
    Un gars qui compte des moutons
    Pour s’endormir, c’est sa coutume.

    Il recompte, il n’en manque aucun ;
    Il remâche son amertume,
    Il re-recompte, il en manque un.

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Jean-Baptiste CHASSIGNET

Portait de Jean-Baptiste CHASSIGNET

Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635) est un poète baroque français. Né à Clairac en Agenais, alors terre d’Empire, Jean-Baptiste CHASSIGNET est le fils d’un médecin. Il reçoit une formation humaniste, étudie le droit à l’université de Dole où il obtient son doctorat, ce qui le mène à une carrière d’avocat... [Lire la suite]

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