Poème 'Prière védique pour les morts' de Charles-Marie LECONTE DE LISLE dans 'Poèmes antiques'

Prière védique pour les morts

Charles-Marie LECONTE DE LISLE
Recueil : "Poèmes antiques"

Berger du monde, clos les paupières funèbres
Des deux chiens d’Yama qui hantent les ténèbres.

Va, pars ! Suis le chemin antique des aïeux.
Ouvre sa tombe heureuse et qu’il s’endorme en elle,
O Terre du repos, douce aux hommes pieux !
Revêts-le de silence, ô Terre maternelle,
Et mets le long baiser de l’ombre sur ses yeux.

Que le Berger divin chasse les chiens robustes
Qui rôdent en hurlant sur la piste des justes !

Ne brûle point celui qui vécut sans remords.
Comme font l’oiseau noir, la fourmi, le reptile,
Ne le déchire point, ô Roi, ni ne le mords !
Mais plutôt, de ta gloire éclatante et subtile
Pénètre-le, Dieu clair, libérateur des Morts !

Berger du monde, apaise autour de lui les râles
Que poussent les gardiens du seuil, les deux chiens pâles.

Voici l’heure. Ton souffle au vent, ton oeil au feu !
O Libation sainte, arrose sa poussière.
Qu’elle s’unisse à tout dans le temps et le lieu !
Toi, Portion vivante, en un corps de lumière,
Remonte et prends la forme immortelle d’un Dieu !

Que le Berger divin comprime les mâchoires
Et détourne le flair des chiens expiatoires !

Le beurre frais, le pur Sôma, l’excellent miel,
Coulent pour les héros, les poètes, les sages.
Ils sont assis, parfaits, en un rêve éternel.
Va, pars ! Allume enfin ta face à leurs visages,
Et siège comme eux tous dans la splendeur du ciel !

Berger du monde, aveugle avec tes mains brûlantes
Des deux chiens d’Yama les prunelles sanglantes.

Tes deux chiens qui jamais n’ont connu le sommeil,
Dont les larges naseaux suivent le pied des races,
Puissent-ils, Yama ! jusqu’au dernier réveil,
Dans la vallée et sur les monts perdant nos traces,
Nous laisser voir longtemps la beauté du Soleil !

Que le Berger divin écarte de leurs proies
Les chiens blêmes errant à l’angle des deux voies !

O toi, qui des hauteurs roules dans les vallons,
Qui fécondes la Mer dorée où tu pénètres,
Qui sais les deux Chemins mystérieux et longs,
Je te salue, Agni, Savitri ! Roi des êtres !
Cavalier flamboyant sur les sept Etalons !

Berger du monde, accours ! Eblouis de tes flammes
Les deux chiens d’Yama, dévorateurs des âmes.

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Commentaires

  1. Sommelier, ferme donc les paupières funèbres
    Des deux pinsons géants qui hantent les ténèbres !

    Le roi Pépin rejoint au tombeau ses aïeux ;
    La reine est en grand deuil et veut qu'on prie pour elle.
    Yake Lakang lui tient quelques propos fort pieux.
    Descendant le roi dans la fosse maternelle,
    Cochonfucius, priant, lui a fermé les yeux.

    Le Sommelier divin, aux pinsons si robustes,
    Interdit le chemin parcouru par les justes.

    Puisque Pépin vécut sans effroi ni remords,
    Qu'il n'offensa jamais le plus humble reptile,
    Nul ne lui veut de mal à présent qu'il est mort.
    À cause de sa gloire éclatante et subtile,
    Aucun des deux pinsons menaçants ne le mord.

    Le Sommelier apaise autour de lui les râles
    Que poussent les gardiens du seuil, les pinsons pâles.

    Le corps du roi Pépin est passé par le feu,
    Et le pinard mystique a noyé sa poussière.
    L'odeur de chair grillée est parvenue aux cieux,
    Son absence de corps baigne dans la lumière,
    Il a fini son Temps, il a perdu son Lieu.

    Le Sommelier divin comprime les mâchoires
    Et trompe le flair des pinsons expiatoires.

    Il est assis, parfait, dans un rêve éternel,
    Sans rire, sans parler, tranquille comme un Sage,
    Il respire l'odeur des tartines de miel.
    Le rouge du pinard colorant son visage,
    Il boit avec Gotlib au grand troquet du Ciel.

    Le Sommelier aveugle avec ses mains brûlantes
    Des deux pinsons d'Enfer les prunelles sanglantes.

    Les pinsons qui jamais n'ont connu le sommeil
    N'ont pas la permission de lui faire des crasses.
    Ils doivent le laisser profiter du soleil,
    Pépin, profites-en, car ces pinsons voraces
    Te laisseront en paix jusqu'au dernier réveil.

    Le Sommelier divin écarte de leur proie
    Les deux pinsons errant à l'angle des deux voies.

    C'est Leconte de Lisle, un auteur de renom,
    Le versificateur que je nomme mon Maître,
    Qui m'inspira ces vers ni trop courts ni trop longs.
    C'est Leconte de Lisle, aimé de nos ancêtres,
    Qui fut l'inspirateur de ma courte chanson.

    Le Sommelier finit par noyer dans les flammes
    Les deux maudits pinsons, dévorateurs des âmes.

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Charles-Marie LECONTE DE LISLE

Portait de Charles-Marie LECONTE DE LISLE

Charles Marie René Leconte de Lisle, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul dans l’Île Bourbon et mort le 17 juillet 1894 à Voisins, était un poète français. Leconte de Lisle passa son enfance à l’île Bourbon et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris. Après quelques velléités lors des événements de 1848, il renonça... [Lire la suite]

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