Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté…
Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté
D’amour, et de douceur durant ce peu d’espace,
Que si de deus cens ans tu par-faisois la trace,
Nul plaisir est nouveau sous le ciel revouté :Pour boire plusieurs fois le ventre degousté
N’en est de rien plus soul, la corruptible masse
De ce cors que tu traine, est semblable à la tasse
Qui ne retient pas l’eau que l’on luy a jetté.Partant soit tost ou tard que le trait de la Parque
Du nombre des vivans au tombeau te demarque,
N’abandonne à regret le monde despourveu :Tu vois tout en un an et ce que l’influence
Des saisons, et des tems plusieurs siecles avance,
N’est rien que le retour de ce que tu as veu.
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Dauphin de Langoiran
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Dauphin de Langoiran, nous te voyons goûter
À beaucoup de gibier dans ton liquide espace ;
Tu guettes les poissons, tu les suis à la trace,
Aussi, non sans raison, tu en es redouté.
Tu ne t’en prives point, car ils ne t’ont coûté
Qu’un peu de natation (qui n’est pas de la brasse) ;
Tu ne crains ni le froid, ni de boire la tasse,
Le rapide courant ne te peut dérouter.
Ainsi, pour les gardons, tu es comme une Parque
Qui sur leur courte vie pose sa froide marque ;
De moyens de défense, ils sont trop dépourvus.
Or, je t’envie parfois cette aquatique errance,
Moi qui terrestrement avec lenteur avance ;
Mais que je sois dauphin, cela n’est pas prévu.