Poème 'Un jeune Internaute' de leutcha

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Un jeune Internaute

leutcha

À Jean Ziegler

Je suis un enfant du monde
le village planétaire
wao ! je ne suis plus un homme de couleur
le blanc n’est plus de saison
le jaune est la couleur de l’orange
le jaune agace les tsars au pouvoir
l’homme noir l’homme blanc
l’homme rouge
ô blessures à la peau de pierre
aiment la succulence de mon fruit d’or -
petite boule ronde comme ma terre
mon village planétaire
ô réalités éblouissantes de vérités
le Camerounais joue à Barcelone
le Brésilien à Madrid
l’Américain chante à Séoul
le Russe à Cuba sert son pays
le Japonais vend ses cars à Ottawa
le Chinois à Oslo monte ses tours d’acrobate
l’Allemand le rire fait jaillir à Colombo
le Libanais à un bazar à Manchester
et tous mangent dansent et boivent
et tous rêvent rient ou pleurent
et marchent vers la vallée de l’Ombre
le petit Chinois et le petit Américain
le petit Parisien et le petit Québécois
le petit Namibien et le petit Tunisien
le petit Papou et le petit Israélien
le petit Palestinien et le petit Irakien
des yeux ont où dorment des larmes
et des lèvres où s’éveillent des cris

Je suis un enfant du monde
le village planétaire
aujourd’hui
mon identité a brûlé ses couleurs –
ô mon rêve de larmes en fête

Je suis un enfant de la Mondialisation
de l’Internet à haut débit
qui fait pleuvoir du sang noir
et du sang blanc dans le cœur
des Internautes du monde entier
sang de militants aux ventres ouverts
et aux têtes hachées à Kisumu
d’émeutiers arrosés d’eau et de feu à Douala
de bébés bombardés à Gaza
je suis un enfant de la Mondialisation
de l’Internet à haut débit
qui distribue matin et soir
des images qui chiffonnent la vie
images de moines tibétains
battus et jetés en taule
de prêtres enculant de jeunes enfants
dans leur sacristie
images de volcans de sang
de plusieurs milliers d’innocents
fauchés par des tirs d’obus à Tikr?t
de foules affamées de crimes et chantant la justice
assommant à coups de pierres et de gourdins
un malfrat à Potosi
d’hommes de femmes et de gamins
remplissant de boue leur estomac
au Port-au-Prince
images jetant des œufs pourris
sur nos sciences et nos consciences

Je suis un enfant de la Mondialisation
de l’Internet à haut débit
qui dans les régions du sud
rampe sur le ventre
traîne la patte
et enchaîne nos jeunes cœurs
aux images de ses Blue films
et dans mon village planétaire
des pères rebelles aux paroles en l’air de leurs leaders
enlevés sont la nuit
frappés à coups de matraques
traînés dans la gadoue
et à la hâte jugés et exécutés
dans un terrain de foot
bourré de spectateurs
applaudissant à chaque coup de feu
et les fils et filles de leurs entrailles
ne peuvent plus l’embrasser
leur mère
violée et au gnouf jetée
ne peuvent plus jouer
avec leurs cousins
avec les enfants de leurs voisins
ô parias amis des ennuis
piteux orphelins éternellement maudits

Et dans mon village planétaire
des enfants couleur de basalte
par ruse sont pris dans la rue
et amenés à minuit
dans des aires urbaines
où les âmes n’ont plus de bouche
pour honorer les rêves de la vie
et là leurs seins et leur langue
leurs couilles et leur biroute
leurs oreilles et leur cœur
sont décolletés de leur stèle inerte
par les jeunes barbouzes
de nos élus ou de nos élites
drogués par le pouvoir
ah ! et mon village planétaire
avance dans sa sacrosainte Mondialisation
- en avant
nous sommes tous des frères et sœurs
des citoyens libres et indépendants
tous engagés dans la bataille contre la pauvreté
unis pour nourrir les enfants de la terre
portant le beau bouclier
des Droits de l’Homme libre et civilisé
car tous les hommes ont les mêmes droits
et patati et patata

Je suis un enfant du monde
le village planétaire qui avance
avec sa pléiade de chercheurs
de savants et d’ingénieurs
en route vers les nouveautés oublieuses de l’âme
ah ! dans mon village planétaire
mille milliers de nos enfants
qui ont droit à une salve de vie
à un estomac qui chante et rit
s’en vont
toutes les soixante minutes
parce que le blé le mil et le maïs
que l’Éternel par le soleil et la pluie
fait pousser sur la terre
pour nourrir ses créatures
sont offerts aux flammes
afin de produire un nouveau carburant
grâce auquel les satellites
les fusées et les bateaux
les cars les trains et les bus
conduiront l’homme au paradis terrestre
pendant que des milliers de gamins et de gamines
sombrent dans des fleuves de larmes
le corps tenaillé par l’appétit
et qui pour retrouver le bonheur des pierres
s’enfoncent dans l’insondable nuit
où n’a plus de port la vie
dans notre village planétaire

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