Poème '13 – Luth compagnon de ma calamité…' de Louise LABÉ dans 'Sonnets'

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13 – Luth compagnon de ma calamité…

Louise LABÉ
Recueil : "Sonnets"

Luth, compagnon de ma calamité,
De mes soupirs témoin irréprochable,
De mes ennuis contrôleur véritable,
Tu as souvent avec moi lamenté ;

Et tant le pleur piteux t’a molesté
Que, commençant quelque son délectable,
Tu le rendais tout soudain lamentable,
Feignant le ton que plein avais chanté.

Et si tu veux efforcer au contraire,
Tu te détends et si me contrains taire :
Mais me voyant tendrement soupirer,

Donnant faveur à ma tant triste plainte,
En mes ennuis me plaire suis contrainte
Et d’un doux mal douce fin espérer.

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Commentaires

  1. Noble chimère d’azur
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    Se complaisant dans les calamités,
    (Car son parcours n’est pas irréprochable),
    Cette chimère, un monstre véritable,
    Si tu la vois, tu dois te lamenter.

    Heureux si tu n’en es point molesté !
    La rencontrer n’a rien de délectable,
    C’est un visa pour un sort lamentable,
    Un vaillant barde, avant moi, l’a chanté.

    Si ta parole à son coeur est contraire,
    Tu le sais bien, c’est là qu’il faut se taire ;
    Et ne va point lourdement soupirer,

    Puisqu’un soupir lui paraît une plainte ;
    Éloigne-toi, fuyant cette contrainte,
    Rien ne peut-on de chimère espérer.

  2. Épineuse trinité
    -------------

    Je vois au bois la verte trinité,
    Trois petits dieux piquants et vénérables ;
    Ils ont créé ce monde incomparable
    Sans en tirer la moindre vanité.

    Je n’y ai vu nul serpent serpenter,
    Ni proposer aucun fruit délectable ;
    Il est absent, ce démon redoutable,
    Des créateurs la gloire on peut chanter.

    Cet univers n’est pas triste, au contraire,
    Il est bâti sur de joyeux mystères
    Dont ne sont point nos esprits égarés.

    Les gens d’ici n’observent nulle astreinte,
    Leurs pieds au sol ne laissent pas d’empreintes ;
    Ce monde existe, ou je peux l’espérer.

  3. Au pays des chimères
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    Ce continent est presque inhabité,
    Mais il y pousse une forêt d’érables ;
    Jadis y fut un peuple misérable
    Que détruisit une calamité.

    Un spectre alors vint ce terroir hanter,
    Qui composa des chants inimitables ;
    Ce revenant n’était point redoutable,
    Qui s’occupait de boire et de chanter.

    Cette musique attira des chimères
    Qui ont bâti quelques logis sommaires,
    Et cette troupe, ensuite, a prospéré.

    Si tu y vas, ne montre nulle crainte,
    Mais garde-toi pourtant de leurs étreintes,
    Laisse-les donc vainement soupirer.

  4. Langue des cygnes
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    Notre jargon ne peut être imité,
    Il est obscur, il est indécryptable ;
    Des cygnes c’est la langue véritable,
    Dame Léda dit l’avoir inventé.

    Celle par qui fut Pollux enfanté
    En a charmé son amant redoutable ;
    De nous l’apprendre, elle fut charitable,
    Avec ces mots nous pouvons mieux chanter.

    Chacun des mots rime avec son contraire,
    Tous sont vivants, mais aucun n’est vulgaire,
    Entre eux, parfois, il semblent conspirer/

    De nos aïeux nous restent des complaintes,
    Nos troubadours vécurent sans contraintes,
    Nous constatons qu’ils ont bien déliré.

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Louise LABÉ

Portait de Louise LABÉ

Louise Labé née Louise Charly en 1524 à Lyon, décédée le 25 avril 1566 à Parcieux-en-Dombes, est une poétesse française. Surnommée « La Belle Cordière », elle fait partie des poètes en activité à Lyon pendant la Renaissance.
Elle était la femme de Perin, riche marchand de cordes, qui possédait plusieurs maisons à Lyon.... [Lire la suite]

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