Poème 'Ballade du Rossignol' de Théodore de BANVILLE dans 'Trente-six ballades joyeuses'

Ballade du Rossignol

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Trente-six ballades joyeuses"

Sous les berceaux touffus, près de la rive,
Deux amoureux, couple jeune et charmant,
Passent. Il est heureux, elle est pensive.
La bien-aimée a souri tendrement,
Dans ses yeux noirs brille un noir diamant.
C’est l’heure émue, ardente, électrisée!
Pour sa compagne auprès de lui posée,
Au vaste azur qu’a mesuré son vol,
Lançant, joyeux, sa voix divinisée,
Au fond des bois chante le rossignol.

La bien-aimée, âme fière et captive,
Laisse tomber ses bras languissamment.
Elle frémit comme une sensitive.
Devant ses yeux tout n’est qu’enchantement.
La blanche lune éclaire à ce moment
Sa main d’enfant, par les lys jalousée.
Dans les rameaux, sur la rive opposée,
Semblant alors égrener sur le sol
Sa strophe d’or de mille feux croisée,
Au fond des bois chante le rossignol.

Ils parlent bas, et la brise furtive
Touche leurs fronts délicieusement.
Pâle de joie et cependant craintive,
La bien-aimée, au bord du flot dormant,
Vient, et se penche au bras de son amant.
L’aile du feu des astres arrosée,
Et frémissante et par le vent baisée,
Fier, célébrant son triomphe, le col
Dans la lumière et baigné de rosée,
Au fond des bois chante le rossignol.

Envoi.

Le chant éclate en brillante fusée,
Et, s’enivrant de lumière irisée,
L’oiseau dérobe aux cieux, par un doux vol,
Les traits divins de son hymne embrasée.
Au fond des bois chante le rossignol.

Juillet 1869.

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