Poème 'Ça ralentit' de ATOS

Ça ralentit

ATOS

J’en ai pas fini
de dire bonsoir au jour
de r’ monter la rue avec lui
bras dessus, plus d’ sous et puis..
qu’est ce qu’on s’en fout !
on s’enchante pas bien là entre nous ?
j’ai pas commencé
toujours,
j’ai même pas commencé à écrire
il était des fois,
et il sera
si ça s’ retrouve
i s’ ra pt ‘être jamais
ailleurs
peut être un autre jour
j’ai pas fini de m’étonner
de voir les bons et les mauvais
pointer leur nez au bout de mes souliers
j’ai pas fini de les faire râler,
d’ les bousculer,
j’ai pas fini d’aller traîner sur les quais
aller r’ garder de drôles d’oiseaux voler,
pousser les portes des ateliers
pour laisser filer les couleurs en espalier,
et puis remplir mon arrosoir à leur santé
Pas fini d’aller cueillir un ou deux livres
et les planter dans un pot de fleurs
parce que j’ sais plus comment les dire.

j’ai pas fini Paris la nuit le jour
la ligne C ,
la A, la B
la E non plus je l’ai pas commencé,
j’ai pas fini de dérouler la route
de défroisser tous mes papiers
de balancer tous mes regrets
et de bouffer les marguerites
J’ai encore plein de voyelles pour voyager,
et puis encore quelques consommes
J’ garde la 10eme …
elle m’ donne un air à la Beethov
Je jette un œil au métronome :
Créteil soleil , Pantin crétin , Châtelet la dalle
et toutes les p’tites places d’Italie,
j’ai pas fait l’ tour
du square des peupliers,
des petites maisons là haut
très haut perchées,
que j’ vais pêcher dans le jardin de mon cerveau
j’ai pas fini de tremper mes pieds à la fontaine,
pour aller piquer le sucre de ton café,
j’ai pas fini de me réchauffer les mains à ta musique,
j’ai pas fini d’ écouter la Bastille me raconter
comment une flûte a planté un violon
un soir au beau milieu du carillon,
j’ai pas fini d’ grimper sur les flots
d’ me transformer en papillon
de faire bander les arcs en ciel
au 7eme ciel j’ai pas fini non plus
d’aimer les roses
de prendre le thé à Guernesey
de jouer aux abeilles sous les arbres
d’éparpiller des mots sur le sable
et d’en faire des montagnes

j’ai pas fini avec tout ça
avec les heures, avec les jours
parce que la nuit je suis vraiment très occupée,
très occupée à t’aimer et ça toujours.
C ‘qui m’ préoccupe ?
C’est pas qu’ j’arrive pas à choper l’aiguille des rails.
C ‘qui m’ préoccupe ?
C’est qu’un jour viendra me réveiller
et que le bon jour il s’ ra barrer.
Alors ce jour j’en aurai fini des bons soirs
salut comment tu vas quelle heure est il
qu’est ce que tu fais quel jour on naît
Ce jour là. Ça ira plus.
Bonsoir bon jour .
Plus jamais.
Y aura plus de ticket pour faire un tour
Alors j’ frai ce que tout le monde fait.
Toute le monde, pas vrai, c’est personne.
je f’ rai donc semblant comme personne ne le fera jamais.
Je f’ rai des trucs comme tout le monde fait
histoire de bien finir mon temps,
et de le tuer sans rien en dire aux passants.
Ouais c’est vrai , je ralentis.
Je ralentis toujours quand tu souris.
Pour jamais finir comme partir
et qu’ le monde loupe pas sa marche
Ça doit être ça qui z ‘appellent faire tapisserie :
ralentir et dessiner ton sourire du bout d’ mon île,
bon sang de bonsoir,
Ce sourire là,
celui que tu auras au bout d’ tes cils
quand tu liras pourquoi
pourquoi je ne perds jamais mon temps
parce que je travaille à ça tout le temps .
Ce sourire là, tu sais, pour commencer,
Y a qu’ ça qui est vraiment très important.
Comme le mouton du p’tit Jésus
ou le crayon gomme que j’ai perdu
ou ce café rue St Benoît
tu vois… ? Un truc du genre ..
un truc qui fait du grand bruit en dedans.
J’ suis pas pressée
de dire bonsoir au jour
alors souris, Hé dis… !
….on dirait pas qu’ ça ralentit ?

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