Poème 'Conseil d’amie' de ATOS

Conseil d’amie

ATOS

N’attendez rien,
N’espérez rien
De l’opinion des hommes.

Rien n’en reviendra.
Tout pourrait en être dit.
Et de ce qui en sera dit, elle n’y entendra rien.
Elle hoche la tête,
Ses colères sont les cris d’un ventre creux.
Elle renvoie et digère.
Elle rumine et enfielle
Elle broie et gobe l’air qu’elle vole.

N’attendez rien,
N’espérez rien
De l’opinion des hommes.

Rien ne se fera d’elle.
Et le peu qui s’en fera, elle le reniera.
L’innocence est la stupeur de l’ignorance.
C’est donc en toute innocence qu’elle vous tuera.
Elle surnomme les choses qu’elle ne comprend pas.
Elle craint fort ce qu’elle ne connaît pas.
Elle fracasse ce qu’elle ne maîtrise pas.
Elle se veut en tout lieu,
Mais ne sait jamais ce qu’elle vient y faire.
Elle n’explore pas, elle s’aventure.
Sa main droite étant aussi bête que la gauche
Chacune tire dans le sens qui lui convient
C’est ainsi que les beaux destins partent en lambeaux.
Des qu’elle n’opine plus du chef
Elle lui fait porter un chapeau.
Elle n’avise que son silence.
Elle exige son goût en sentence.
Elle ne connaît pas son nom,
Ainsi ne signe t-elle jamais son crime.
Jamais elle ne converse,
Toujours elle se débat.
Affolant la rue,
Elle la transporte en effroi.
Très générale et trop publique
elle se fatigue de tout, bien vite.
Elle ne doute pas,
Elle récite des augures
Auxquels elle ne croit pas.
Elle ne peut tenir sa parole
Trop occupée à mettre en joue la vôtre.
Quant à sa langue, elle ne connaît plus sa poche.
La main tendue, elle riposte.
Elle insulte celui qui ne la lui remplira pas.
Elle pointe l’obligeance des choses
qui sauront la mieux servir.
Elle ne mérite rien.
Et rien ne viendra d’elle.
L’opinion est un vent émis par le bien séant des nombreux.
Donnez leur des diamants ! Il en feront des joyaux.
Du marbre? Des palais,
Du papier? Des billets,
De l’eau? Il vous la feront payer.
Une âme? Ils la forceront à leur ressembler.
Du beau? Du précieux.
Du feu? Un brasier.
De la terre? Leur domaine.
Des couleurs? Un drapeau.
D’une famille? Un héritage.
D’un frère? S’il ne leur est pas complice il connaîtra le supplice.
D’une parole? Un hymne.
D’une pensée? Un profit ou un mensonge
D’un ennemi? Tout ce qu’ils rêvaient de devenir.
D’un tyran? leur père.
D’un esprit? Une tocade.
D’un art? Une passade
D’une rumeur? leur vérité
D’un sentiment? Leur éternité.
Du temps? Tout en vous faisant perdre le vôtre,
ils n’auront de cesse d ‘en gaspiller.

N’attendez rien,
N’espérez rien
De l’opinion des hommes.

Elle est de méchante compagnie,
Allez vite en d’autre place,
N’embrassez pas l’opinion en pleine face
Son haleine pourrait indisposer plus d’un ami.

à Monsieur Rousseau, en toute Amitié. Salut et Fraternité

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