Poème 'Désarmement' de Théodore de BANVILLE dans 'Sonnailles et Clochettes'

Désarmement

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Sonnailles et Clochettes"

Désarmer? Oui, ce bruit-là court,
Je sais qu’on a conté ce conte.
Églé, qui doit l’arrêter court?
Vous, dont il faut bien tenir compte.

On parle de désarmement!
Sans nulles paroles railleuses,
On rangerait, pour le moment,
Les canons et les mitrailleuses.

Ainsi, tout sera bien réglé
Pour tranquilliser les empires.
C’est bon. Mais cependant, Églé,
Que ferez-vous de vos sourires?

Car, Déesse, vos fiers appas
Et vos beautés et tous vos charmes,
Ainsi qu’on ne l’ignore pas,
Sont les plus redoutables armes.

Jeune guerrière aux sombres yeux,
Que ferez-vous de l’arc farouche
De vos sourcils mystérieux
Et des braises de votre bouche?

O vous dont on craint l’oeil subtil
Et qui triomphez dans les villes,
Dites-le-nous, en sera-t-il
De vous comme des vaudevilles,

Et verra-t-on les fiers accords
Que la grâce des attitudes
Fait saillir sur votre beau corps,
Remplacés par des platitudes?

Celle qui vit à ses genoux
Le jeune Adonis comme Anchise,
Avait bien moins d’armes que vous;
Et, je le dis avec franchise,

Charmeresse, Eve ou Dalila,
Dût l’Europe en être alarmée,
Tant que vous aurez ces yeux-là,
Je ne vous vois pas désarmée.

28 juillet 1888.

Poème préféré des membres

jbigey a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Texte profond, un peu musclé, de la subtilité et un sous-titrage forcément nécessaire.

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS