Poème 'Jalousie' de François Tristan L'HERMITE dans 'Plaintes d'Acante'

Jalousie

François Tristan L'HERMITE
Recueil : "Plaintes d'Acante"

Telle qu’était Diane, alors qu’imprudemment
L’infortuné chasseur la voyait toute nue,
Telle dedans un bain Clorinde s’est tenue,
N’ayant le corps vêtu que d’un moite élément.

Quelque dieu dans ces eaux caché secrètement
A vu tous les appas dont la belle est pourvue,
Mais s’il n’en avait eu seulement que la vue,
Je serais moins jaloux de son contentement.

Le traître, l’insolent, n’étant qu’une eau versée,
L’a baisée en tous lieux, l’a toujours embrassée ;
J’enrage de colère à m’en ressouvenir.

Cependant cet objet dont je suis idolâtre
Après tous ces excès n’a fait pour le punir
Que donner à son onde une couleur d’albâtre.

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Commentaires

  1. On trouve cet élément de “jalousie” (être jaloux des vêtements qui caressent le corps de la bien-aimée, jaloux de l’eau qui touche le corps partout, etc.) dans pas mal de poèmes et romans. D’après moi, c’est un aspect bien exotique.

  2. Ange-démon
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    L'ange-démon cornu s'avance prudemment ;
    D'un vol majestueux, il descend de la nue,
    Balances dans les mains soigneusement tenues,
    Pour juger les mauvais et les bons éléments.

    Un geste maladroit, qu'il fit secrètement,
    Lui valut l'ornement dont sa tête est pourvue ;
    De ce chef de bélier, la surprenante vue
    À ses frères du ciel l'oppose nettement.

    Mais lui, sans s'émouvoir, effectue ses pesées ;
    La personne qui fut malveillante, ou rusée,
    Face à cet enquêteur, doit s'en ressouvenir.

    À ceux que, ce jour-là, dévore l'inquiétude,
    Il rappelle qu'il est toute mansuétude :
    «Je ne suis qu'un mouton ! Je ne sais pas punir.»

  3. Diable-Papillon
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    Le Diable-Papillon s’envole prudemment ;
    De son vol hésitant, il monte vers la nue,
    Car c’est un papllon dépourvu de tenue
    Qui presque nulle part n’est dans son élément.

    La sauterelle au bois l’aime secrètement,
    Mais de l’art de le dire elle n’est pas pourvue ;
    Levant les yeux au ciel, elle tremble à sa vue,
    Mais il est bien trop loin pour la voir nettement.

    À la fin de nos vies, l’âme sera pesée,
    D’innocent animal ou de bête rusée ;
    Nous devrons des amours d’antan nous souvenir.

    Pourtant, ces deux petits n’en ont nulle inquiétude,
    Et je crois que le ciel, dans sa mansuétude :
    Pourra bien oublier de vouloir les punir.

  4. Sagesse aux belles cornes
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    Mon corps n’est pas celui d’un ange, évidemment,
    Car c’est plutôt celui d’une bête cornue ;
    Mais beaucoup de sagesse est en moi contenue,
    Sur les lois de ce monde et sur ses éléments.

    Un élu du Seigneur m’instruit secrètement,
    Lui dont l’âme limpide est de ruse pourvue ;
    Nous buvons du bon vin, nous partageons nos vues,
    Souvent nos deux esprits convergent nettement.

    Par les prêtres du peuple une offrande est pesée,
    Laquelle de ma part n’est jamais récusée ;
    De leur vie au désert ils ont le souvenir.

    Plus que de tels cadeaux, j’ai le goût de l’étude,
    Les livres sous mon toit sont une multitude ;
    Mais j’en ai quelques-uns que je peine à finir.

  5. Nos jours s’envolent
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    Ils sont loin, nos printemps charmants,
    Car notre innocence est perdue ;
    Nous dont l’existence est ardue,
    Nous faisons face à des tourments ;

    Nous qui cheminons lourdement,
    Nous devons naviguer à vue ;
    Nous accumulons les bévues
    Et les propos sans fondement.

    Repens-toi, pauvre chair usée
    Qui de la foule est méprisée ;
    Ton bonheur n’est qu’un souvenir.

    Ne perds pas le goût de l’étude,
    Fais le deuil de tes certitudes ;
    Tout cela va bientôt finir.

  6. Deux trois gouttes ajouté le 16/03/2023 en cours de validation
    Clameurs ajouté le 16/03/2023 en cours de validation
    Elle a ajouté le 18/03/2023 en cours de validation
    Départ imminent ajouté le 02/04/2023 en cours de validation

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