Misère de l’homme du monde
Venir à la clarté sans force et sans adresse,
Et n’ayant fait longtemps que dormir et manger,
Souffrir mille rigueurs d’un secours étranger
Pour quitter l’ignorance en quittant la faiblesse :Après, servir longtemps une ingrate Maîtresse
Qu’on ne peut acquérir, qu’on ne peut obliger ;
Ou qui d’un naturel inconstant et léger,
Donne fort peu de joie et beaucoup de tristesse.Cabaler dans la Cour ; puis devenu grison,
Se retirant du bruit, attendre en sa maison
Ce qu’ont nos derniers ans de maux inévitables,C’est l’heureux sort de l’homme. Ô misérable sort !
Tous ces attachements sont-ils considérables,
Pour aimer tant la vie et craindre tant la mort ?
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François Tristan L'HERMITE
François L’Hermite, sieur du Soliers, dit Tristan L’Hermite, né à Janaillat (Creuse) au château de Soliers, dans la Marche, 1601 et mort à Paris le 7 septembre 1655, est un poète et dramaturge français. Auteur dramatique fort applaudi en son temps, et dont la première pièce, la fameuse tragédie de Mariane... [Lire la suite]
-he !toi debout devant ma tombe.
-te plait il l’etat ou je suis !
-hier j’etais comme ton ombre !
-mais demain c’est toi qui me suis !
trimes,peines,penses,frondes!
il n'y a dans cet univers que le nom de Dieu qui luit!
Vigne de sinople et d’autrefois
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Mon oncle vigneron, dont j’ai perdu l’adresse,
Les figues de chez toi sont douces à manger ;
Ton jardin de jadis me devient étranger,
Lui qui fut un abri pour mes jours de paresse.
La vigne d’autrefois, ma muse et mon hôtesse,
Fut, en ce temps lointain, mon gîte pour songer ;
Et toi, tu en tirais un petit vin léger
Qui donnait de la joie et jamais de tristesse.
Par dizaines, pourtant, ont passé les saisons,
Je n’ai jamais revu l’enclos ni la maison
Où nous étions nourris de ces fruits délectables.
S’éloigner, s’affaiblir, tel est bien notre sort ;
Mais je ne porte point le deuil des instants morts,
Trouvant dans leur mémoire un plaisir véritable.