Poème 'L’habitude' de René-François SULLY PRUDHOMME dans 'Stances et poèmes'

L’habitude

René-François SULLY PRUDHOMME
Recueil : "Stances et poèmes"

L’habitude est une étrangère
Qui supplante en nous la raison :
C’est une ancienne ménagère
Qui s’installe dans la maison.

Elle est discrète, humble, fidèle,
Familière avec tous les coins ;
On ne s’occupe jamais d’elle,
Car elle a d’invisibles soins :

Elle conduit les pieds de l’homme,
Sait le chemin qu’il eût choisi,
Connaît son but sans qu’il le nomme,
Et lui dit tout bas : « Par ici. »

Travaillant pour nous en silence,
D’un geste sûr, toujours pareil,
Elle a l’oeil de la vigilance,
Les lèvres douces du sommeil.

Mais imprudent qui s’abandonne
A son joug une fois porté !
Cette vieille au pas monotone
Endort la jeune liberté ;

Et tous ceux que sa force obscure
A gagnés insensiblement
Sont des hommes par la figure,
Des choses par le mouvement.

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Commentaires

  1. vous pouvez metre l'illustration de cette poesie ! merci

  2. Mes yeux ne savent voir plus loin que l'horizon.
    Mon labeur quotidien, mes simples habitudes,
    Tout en moi, comme aux temps lointains de solitude,
    Par coutume est réglé, plutôt que par raison.

    La routine en ce monde a bâti sa maison
    Sur la bonne surface, à la bonne altitude,
    Appliquant à cela des lois de finitude,
    Comme, devenant vieux, souvent, nous les prisons.

    Même pendant le temps dévolu au transport,
    Franchissant, sans montrer le moindre passeport,
    Maintes démarcations, limites ou frontières,

    Je n'ai pas l'impression de quitter le couloir
    Où se trouve rangé ce que je peux vouloir :
    Une horloge régit mon existence entière.

  3. Il voit plus loin que l’horizon
    Bornant nos vieilles solitudes
    (Et nos plus sales habitudes) :
    Le poète a toujours raison...

    Détruis l’ancestrale raison
    Et vois, prenant de l'altitude,
    Comme il est plus d’infinitude
    Une fois quittée la prison...

    Avec un ticket de transport
    (I.e. un francilien passeport)
    Devant toi s’ouvrent cinq frontières :

    Ne ne perds plus en vains couloirs,
    Elle est devant, à ton vouloir,
    La Zone Six du RER !

  4. ("Ne te perds plus"... Enfin... mon bourimaillage ci-dessus ne va pas plus loin que l'horizon de ses 14x6 syllabes, après réflexion et relecture... Ceux de mes deux prédécesseurs sont certes plus profonds. )

  5. (14x8 en fait.)

  6. Merci pour cette belle reprise !

  7. Ne désire point devenir adicte d'habitudes
    Pour des journées passionnantes
    Toujours différentes
    Pleine de prairies et de chants
    Tout en s'occupant prête à chaque instant
    De découvrir de nouveaux plans.
    Vive la vie

  8. Appris au primaire.

  9. Appris à l'école primaire.

  10. J'ai 86 ans et ce poeme c'est toute ma classe de 8°! il ne m'en restait que les 3 ou 4 premiers vers et... j'imprime le tout pour pouvoir y revenir ! il résume bien des points de la vie quotidienne c'est avec elle que je prépare mon petit dej le matin, que je m'assied toujours à la même place à table, que je prend un fromage blanc non sucré que je sucre moi-même chaque soir à la fin du souper.. et ceci et cela ça irait loin de tout relater !!!

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René-François SULLY PRUDHOMME

Portait de René-François SULLY PRUDHOMME

René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]

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