Poème 'La Chimère' de Albert SAMAIN dans 'Symphonie héroïque'

La Chimère

Albert SAMAIN
Recueil : "Symphonie héroïque"

La chimère a passé dans la ville où tout dort,
Et l’homme en tressaillant a bondi de sa couche
Pour suivre le beau monstre à la démarche louche
Qui porte un ciel menteur dans ses larges yeux d’or.

Vieille mère, enfants, femme, il marche sur leurs corps…
Il va toujours, l’oeil fixe, insensible et farouche…
Le soir tombe… il arrive ; et dès le seuil qu’il touche,
Ses pieds ont trébuché sur des têtes de morts.

Alors soudain la bête a bondi sur sa proie
Et debout, et terrible, et rugissant de joie,
De ses grilles de fer elle fouille, elle mord.

Mais l’homme dont le sang coule à flots sur la terre,
Fixant toujours les yeux divins de la chimère
Meurt, la poitrine ouverte et souriant encor.

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Commentaires

  1. Chimère de sinople
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    Garde-toi d'éveiller la chimère qui dort !
    N'approche même pas en rêve de sa couche ;
    Tu devrais le savoir, c'est un bestiau très louche,
    Si tu ne me crois pas, demande au goupil d'or.

    D'un lion de la savane elle arbore le corps ;
    Mais son chef est celui d'une vierge farouche.
    Malheur à l'animal imprudent qui la touche !
    C'est très déconseillé, sauf pour chercher la mort.

    Toutefois, ce n'est point une bête de proie :
    Grignoter quelques fruits est pour elle une joie,
    Dans lesquels, au matin, jubilante, elle mord ;

    En habit de sinople, elle parcourt la Terre,
    Disant : Je suis la noble et puissante Chimère,
    Je me passe de muse autant que de mentor.

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