Poème 'Mon enfance captive …' de Albert SAMAIN dans 'Le chariot d'or'

Mon enfance captive …

Albert SAMAIN
Recueil : "Le chariot d'or"

Mon enfance captive a vécu dans des pierres,
Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
L’usine en feu dévore un peuple moribond.
Et pour voir des jardins je fermais les paupières…

J’ai grandi ; j’ai rêvé d’orient, de lumières,
De rivages de fleurs où l’air tiède sent bon,
De cités aux noms d’or, et, seigneur vagabond,
De pavés florentins où traîner des rapières.

Puis je pris en dégoût le carton du décor
Et maintenant, j’entends en moi l’âme du nord
Qui chante, et chaque jour j’aime d’un coeur plus fort

Ton air de sainte femme, ô ma terre de Flandre,
Ton peuple grave et droit, ennemi de l’esclandre,
Ta douceur de misère où le coeur se sent prendre,

Tes marais, tes prés verts où rouissent les lins,
Tes bateaux, ton ciel gris où tournent les moulins,
Et cette veuve en noir avec ses orphelins…

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Commentaires

  1. C'est toute ma jeunesse dans le Nord.

  2. Je l'aime depuis l'école en 1943. C'est tout le Nord que j'aime .

  3. C'est 1952, ma classe de troisième A au cours complémentaire de l'école François Brasme à

    Bully les Mines.

  4. Gyrovague affaibli
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    Le vieux marcheur perclus prend garde à chaque pierre,
    Nous le voyons boiter aux abords du vieux pont ;
    Tu dis qu’il a trop bu, mais nous te détrompons,
    Chaque jour il s’arrête après une ou deux bières.

    Même usé, l’homme reste un chercheur de de lumière,
    Son esprit va toujours par gambades et bonds ;
    La tavernière, aimable avec ce vagabond,
    À goûter de sa verve est souvent la première.

    Les chansons qu’il aimait dans sa jeunesse entendre,
    Avec des traits moqueurs ou des paroles tendres,
    Sont à présent pour lui le meilleur réconfort.

  5. (la suite)

    Il aime aussi les tours du renard, ce malin,
    Ainsi que le rêveur affrontant des moulins ;
    Ce sont choses qu’il peut vous narrer sans effort.

  6. Vagabond des limbes
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    Sur les noirs chemins, que de pierres !
    Pour mes orteils, ce n’est pas bon.
    Pourquoi donc suis-je vagabond ?
    Mais si j’avais une chaumière...

    Vraiment ce monde est sans lumière,
    Ce sont les meilleurs qui s’en vont ;
    Tout finit mal, nous le savons,
    Chaque homme retourne en poussière.

    Puisque les dieux ne sont pas tendres
    Ni ne tentent de le prétendre,
    Où sera notre réconfort ?

    Les démons sont durs, et malins,
    Chacun d’entre eux n’est qu’un vilain ;
    Non, vraiment, ça ne va pas fort.

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