Poème 'La forge' de ATOS

La forge

ATOS

Il existe entre les lèvres et la pensée une terrible forge,
l’atelier qui espace très étroitement les choses.
Un lieu où les mots se liant les uns aux autres
filent la lame coupante des phrases.
Ce lieu existe je l’entends.
On dit comme l’on frappe.
On y martèle, on y aiguise, on y pointe.
On y scie pour un nom, on y cisaille la vie.
on y lime l’appétit.
Une idée, une image, et parfois même une question,
au seuil d’un cerveau peuvent parfois sur l’enclume de la peur,
sous le feu de la haine, entre les mains de l’établi devenir des sabres.
Ainsi à une bouche grande ouverte des armes se retrouvent elles prêtes.
La réponse sera l’assaut.
Les mots, maintenant objets de la forge, annoncent le champ du combat.
Au pommeau de la langue l’esprit porte sa main
Il n’est plus que l’outil servile du maître.
Et l’ignorance ne fait toujours qu’accroître son faîte.
L’enfer sort toujours d’une tête, il ne s’y terre pas.
Il existe entre les lèvres et la pensée une terrible forge,
un lieu qui ordonne si terriblement les choses.

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