Poème 'La grande Givrée' de ATOS

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La grande Givrée

ATOS

Il y a sur les bords de nos terres
des volutes d’écume
un avis de tempête
et un briquet de brunes.

Cette marée de faux col
prise dans son bocal de pierre
jette d’épars regards à la mer.

Sur ce givre phénoménal
l’homme
écorche son front d’amiral.
Un fanal comme son étoile
mène son esprit au chenal.

Par temps d’ivresse
il faut fuir sa détresse
et plonger vers le large,
monter sa toile,
et pousser ses couleurs
comme on chasserait
du revers de son oeil les écailles jaunies
d’un temps déposé sur un tout autre paysage.

Voilà la plage,
laissons la ville,
voilà la gueule de sa digue et les crocs de ses rochers.
Ils salivent sans mesure à l’ivoire de ses flancs.

Suivre la ligne pour fuir la vision.
On déchire la toile d’un coup,
dedans,
et puis tremble verse et chavire
un désir océan aussi smalt que le cuir
des chevaux du brisant.
Une arabesque bouillante d’opale
sur la portée rugissante et offerte des flots.
Voilà l’explosion d’un cadre
dans l’œil éclatant de ton art !
C’est le soupir d’un mot qui submerge le ventre
du monde.
C’est la naissance sublime de la terre dans ses eaux.
Ce n’est rien, rien qu’une tempête ultime qui hurle janvier
dans les reins pétrifiés d’une belle nature .
Voilà l’extase ensorcelée
par une tête chenal qui rejette la vase
et réclame son pardon en entaillant ses veines
dans la valse de ses cordages.

Entre ses mains l’homme écoute et regarde
il voit l’écume et éructe son geste d’une étrange joie.
Il allume une sèche comme se cale le phare.
Faire puissant !
Faire large !
faire plus loin !
faire autrement !
marcher de long et de large,
et de respirer loin,
et de rêver toujours.
Trappeur de blanc comme on chasse les vautours
frappé d’absence et à jamais au refus absolu du retour,
l’an terriblement nouveau,
dans le couloir de l’enfer, tu écoutes, maudit de cette passe,
cette grande Givrée te gueuler sa dernière volonté.

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