Poème 'La petite boite d’allumettes' de ATOS

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La petite boite d’allumettes

ATOS

Elle vous assomme la mort.
Elle vous fracasse la gueule.
Toutes ces grandes pensées, tous ces grands mots
c’est plus que des poignées de terre qui font des ronds dans l’eau.

Elle vous en jette plein la tête la mort.
Elle se déverse à l’intérieur, elle vous noie et vous inonde.
Elle vous pisse dans l’âme,
c’est une chienne la mort,
elle vous arrache les lèvres,
elle vous ferme les yeux et vous brise les os.

Elle vous laisse seul avec entre les mains un seul mot.

Faut dire qu’elle a une grande gueule la mort,
devant elle on voudrait tous bien se tenir sur le carreau,
se faire beau, être grand, se faire propre.
Avoir en fin une gueule comme il faut.

Ça vous impose son image, ça ne bouge plus, ça respire pas.
Ça n’a ni chaud, ni froid,
pourtant elle vous grille le cerveau et vous glace la peau.

On voudrait dire, on voudrait bien le dire.
Mais le temps de le dire la mort vous frappe dans le dos.

L’horloge s’arrête mais le temps presse
aussi fort que la mort vous transperce.

La mort peut toujours courir
avec dans sa gueule les restes d’un dernier mot ,
elle peut toujours courir ,
mais elle n’aura pas le premier mot.

On reste avec
avec ce mot qui remplie et qui calme
avec ce mot qui clignote à l’enseigne de l’âme
On reste là avec sa petite boite d’allumettes.

C’est un cadeau que la vie vous donne
Pas un mot que la mort nous laisse.

La mort ne mérite pas de grands mots.
On entend ses larmes qui font des trous dans l’âme
Mais nous on reste
avec entre nos mains, notre petite boite d’allumettes.

L’idée fleurit,
on se voudrait se savoir moins transi
on se voudrait se pouvoir moins petit
on vous voudrait tellement bien voir tout ce qui reste,
pouvoir revoir, mais le temps presse.

Et nous on reste
avec entre nos mains, nos petit bouts d’allumettes.
Alors devant le bruit des larmes
et à travers le silence des flammes
on dessine des mots comme on signe un visage
Et puis on sourit aux nuages,
à tous ceux qui viennent ,
qui nous dépassent et nous caressent
du bout de leur jolie langue d’oiseau.

Déjà l’horloge repart et le temps presse…
plus loin que la mort nous transperce
si haut que le vol d’un oiseau
avec entre les mains tout notre temps
à la lumière de ce qui reste.

L’horloge repart et nous on reste
avec notre petite boite d’allumettes.

III.2018

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