Poème 'L’assaut' de ATOS

L’assaut

ATOS

La fièvre d’un rêve déposa sur le ventre du monde sa rosée.
La chair tendre de l’aube se devinait à travers la vitre du ciel.
L’écharpe du vent glissait entre les doigts des roselières.
Il nous semblait toucher les veines de la plaine.

La tourbe de la rive nourrissait notre esprit.
Parfois, il semblait qu’un cri aurait pu être dit.
Ici, un bras écrivait lentement son passage .
Là une langue en un bruit sec mâchait une lèvre.
Plus loin, un genou en prière pénétrait la terre .
Le silence, de sa main moite, retenait notre temps.
Dans l’espace de l’étang la brume tirait sa traîne
à travers les stries d’arbres grands et blancs.
A son passage, la faune la saluait en frémissant.

Petits vers fragiles dans cette fange humide,
Informes et malhabiles,
Se redoutant à toute heure mouvants.
Gisant en terre froide,
Sous le masque de nos faces,
Inconnus de notre temps,
Nous n’étions, mon frère, de notre peur, les amants.

D’un trait, la ligne du jour dicta notre mouvement.
Perforant la coquille de l’homme,
Notre instinct frappa avec force son tambour.
Nous jetions notre cœur à la gueule des chaumes
Et confiions nos âmes à la force des armes.

La balle d’argent fauche toujours les enfants.
Lorsque leurs fronts tombent dans le ciel
Le vent récolte le bruit sourd de l’instant.

Pleurant de nous voir si nombreux,
Nous n’étions que des corps pourrissant dans nos âmes.
Une flamme bouillonnante prit d’assaut toute la plaine
Dressant une terre rouge pour le festin des corbeaux.

Nous nous rendîmes, mes frères, à cette mort,
aveugles et trop nombreux.

C’est ainsi que de nos rêves il n’en resta que si peu.

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