Poème 'L’auberge' de ATOS

L’auberge

ATOS

Une montagne pose son voile bleu sur une terre de paille.
La lune regarde.
Les eaux blanches s’allongent.
Elles glissent leurs mains à travers les villages.

D’une auberge en flamme suintent des palabres anciennes.
Ce sont des hommes qui s’en reviennent.
Ils vident leurs sacs remplis de mauvais tours,
de triste amours
de mille chants et de routes,
de voiles et de serments,
de grandes légendes,
de senteurs de femme.
de cuivre, de fleuve d’or, d’oriflammes,
de parchemins, de miettes de chagrin.

Près de son puits, la nuit observe.
Les chevaux sont las du pas de l’homme.

Les voix s’écorchent sur le vin lourd.
Le pain est gras et les pas frottent le chêne.
Les mains s’attardent sur la flamme.
Les draps empestent le ciel.
Ils s’en reviennent de ci de là
Ils s’échangent sur les tables
d’étranges ailleurs et d’incroyables là bas.
Qui de sa soie,
Qui de son huile,
Qui d’un coutelas,
Qui de sa pierre,
Qui d’un scalp chaud ,
D’une croix, d’une bourse vide,
D’une outre pleine, d’une poignée de crin,
D’un chapeau, de mille écailles,
D’une fresque ou d’un poème…
qui de leur rien,
ou pour tout dire de n’importe qui ,
De n’importe quoi
De n’importe où…

Ils se disent fort leur retour !

Croire encore en ce ce qu’ils ont vu,
touché, senti, et enflammé,
Croire encore en ce qu’ils ont craint, combattu, traversé.
Ne rien oublier des couleurs de l’aventure.

Ils posent deux doigts sur leur cuir,
hochent une tête vermoulue,
tanguent à travers les bancs.

Ils se mettent à rêver.

Ils tirent les cordes et cherchent passage.
La prochaine vague viendra prendre leur corps.
Les hommes tempêtent contre leur sort.

Un soleil verse son or sur la terre froide.
La lune s’attarde.
Les eaux blanches frappent aux portes des villages.
L’auberge ouvre sa porte.

Les hommes traînent leurs sacs,
Ils marchent, roulent et vogueront.

Près de son puits, la lumière les observe.
Plongeant dans le ciel, elle songe déjà :

« Puisqu’il leur faut poursuivre le rêve,
à toute auberge, ils reviendront… ».

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