Poème 'L’Aveugle' de Théodore de BANVILLE dans 'Les exilés'

L’Aveugle

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Les exilés"

Un cavalier disait à Milton : « Je vous plains !
Car vos yeux, de colère et d’espérance pleins,
Qui déchiraient la voûte où le soleil gravite,
S’égarent, fous d’horreur, dans la nuit sans limite.
Comme un aigle banni du mont aérien
Dans un sombre cachot, vous ne voyez plus rien
Sur cette terre aux feux du ciel irradiée ;
Ni le couchant avec sa pourpre incendiée,
Ni le terrible azur et la blancheur des lys !
— Il est vrai, dit Milton, que mes regards, jadis
Plus éclatants que ceux des poètes célèbres,
Succombent maintenant sous d’épaisses ténèbres :
Mais c’est parce que Dieu, voyant mes ennemis
Jaloux de cette paix profonde où je frémis
Seulement d’allégresse en chantant ses louanges,
A pour me soutenir envoyé ses grands Anges.
Calmes, armés du glaive et répandant l’effroi,
Invisibles pour tous, ils volent devant moi
Épouvantant ma face et cachant mes prunelles,
Et cette nuit farouche est l’ombre de leurs ailes. »

Nice, mai 1860.

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Commentaires

  1. Sagesse triple
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    Le Bouddha de jadis est de souvenirs plein,
    Il les tient bien en ordre, et jamais ne s'en plaint ;
    Ces reflets vagabonds qui dans son coeur gravitent
    Lui donnent, au contraire, un plaisir sans limite.

    Le Bouddha du futur, écoutant les ténèbres,
    N'entend ni chant joyeux, ni complainte funèbre ;
    Il n'y trouve ni l'oeil d'un perfide ennemi,
    Ni celui d'un démon qui de rage frémit.

    Le Bouddha du présent n'éprouve nul effroi,
    Il parle avec douceur, et plaisante avec moi :
    Parfois c'est un Bouddha, mais parfois, c'est un ange
    Qui répète les mots de ce poème étrange.

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