Poème 'Le bossu' de ATOS

Le bossu

ATOS

Il cache sa honte
Sous sa cape d’homme frugal
Il se charge de sa honte
Comme on porte sa bosse.
Elle lui brûle la peau
Elle le mange,
Elle le dévore.
Si présente, obsédante.
Elle l’aspire et l’assèche.
Il cache ce drôle d’abcès,
Un bubon plein de lui même.
Si vivante cette honte…
Remuante…
Dès qu’elle remonte à ses lèvres
Il vous tourne les talons.
Elle rampe le long de son dos?
Il court aux fortifications.
Il cache sa honte au fond de ses poches
Le plus souvent au fond de son cabas,
Et puis la déverse au fond de son verre.
Acide et pénétrante
Saline et poussiéreuse.
Il se doit de gorger sa honte!
Il désire tant la noyer!
Il voudrait tellement l’étouffer!
Et ne serait ce qu’un instant l’oublier…..
Mais elle est à présent tout entière en dedans.
Comment était ce avant?
Le temps où il ne se vivait pas bossu ,
Ce temps où la honte n’était pas sa moitié?
Et puis après tout….cette honte qu’il transporte
N’est elle pas tout ce qui lui reste de ce temps?
Ce temps qui ne le distingue déjà plus.
Il cache sa honte en cachant ses mains tremblantes,
Il maquille sa honte en parlant haut, en gueulant fort!
Il ne rentrera que lorsque la nuit tapinera sur le carreau!
Sa honte est si lourde à porter…
Que sous son poids,
Ne tenant plus sur ses pieds,
Il titube déjà.
Inséparables,
De godailles en secrets,
De regret en soupirail,
On ne sait plus très bien qui de l’un a fait naître l’autre,
Mais lui sait très bien qui fera crever l’autre.
Il cache sa honte au fond de son galetas,
Sous l’évier, sous sa paillasse, et jusque dans ses draps.
Il porte sa honte comme on porte une bosse
Il la vomit, il la maudit.
N’en doutez pas !
C’est au fond des caniveaux
que s’écoule l’humeur de l’affront.
C’est dans de bien tristes caveaux
que s’altèrent les fronts les plus hauts.
Ne vous charger d’aucune honte.
Laissez la sur le carreau!
Jetez la aux orties!
La honte n’est qu’une vermine qui se nourrit
de la chaleur de notre orgueil.

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