Poème 'Le Sapin' de Louisa SIEFERT dans 'Rayons perdus'

Le Sapin

Louisa SIEFERT
Recueil : "Rayons perdus"

Il est un arbre fier, droit, austère et robuste,
Que n’aime pas l’oiseau, ni la fleur, ni l’arbuste,
Ni la vigne flexible aux rameaux caressants.
Floréal le dédaigne et brumaire l’oublie ;
Et jamais on ne voit que la tempête plie
Sa tête échevelée ou ses bras menaçants.

Il vit seul au milieu de la forêt immense.
Le froid et la nuit sont où son ombre commence,
Et, dans le sentiment de ce grand abandon,
Il monte hardiment plus haut que tous les chênes,
Jusqu’à ce que, le front chargé de lourdes chaînes,
Il tombe tout entier aux pieds du bûcheron.

— Je sais un cœur aussi qui porte dans la vie
Son deuil, sans que jamais de sa ligne il dévie,
Seul partout et toujours épris de l’idéal.
Mais, ainsi qu’au sapin à la triste verdure,
Que m’importent le vent, la pluie ou la froidure,
Le matin ou le soir, brumaire ou floréal ?…

Mai 18…

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Commentaires

  1. Trois âmes de serpents
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    C'est le premier serpent, et son âme est robuste,
    Elle repose ici, dans l'ombre d'un arbuste ;
    Se souvenant toujours de son corps caressant,
    Elle dit que le monde était intéressant.

    Le deuxième serpent, son âme est sous un chêne,
    Quand l'orage survient, son rire se déchaîne,
    Rire qui semble issu d'un infernal chaudron ;
    Et du coup, le bel arbre échappe au bûcheron.

    Le troisième serpent n'aime point la verdure ;
    D'un tombeau minéral il cherche la froidure,
    Entretenant son âme en ce lieu sépulcral ;
    Car il veut méditer, dans le calme intégral.

  2. Ambiconifère
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    La croissance du tronc suit une double loi :
    Il descend, mais il monte, un arbre, un arbre inverse ;
    Ne prenez point cela pour des façons perverses,
    Des deux côtés il part, il ne sait pas pourquoi.

    À Vincennes, le chêne accueillit un grand roi
    Qui plus de sagesse eut que les empereurs perses ;
    Mais cet arbre est au bord d’un chemin de traverse,
    Jamais un roi n’ira se perdre dans ces bois.

    Il n’est point courtisan, cet Ambiconifère,
    Le pouvoir monarchique, il n’en a rien à faire ;
    La puissance et l’honneur, ça ne va pas bien loin.

    Quelques grands chroniqueurs son existence nient,
    Dont il n’ont pas trouvé de crédibles témoins ;
    Cette incrédulité par notre arbre est bénie.

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Louisa SIEFERT

Portait de Louisa SIEFERT

Louisa Siefert, née à Lyon le 1er avril 1845 et morte à Pau le 21 octobre 1877, est une poétesse française. Issue d’une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une éducation religieuse. Son père était originaire de Prusse et sa mère du canton de Thurgovie en Suisse. Son premier recueil de poèmes,... [Lire la suite]

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