Poème 'Crépuscule' de Louisa SIEFERT dans 'Rayons perdus'

Crépuscule

Louisa SIEFERT
Recueil : "Rayons perdus"

Je ne puis résister à la mélancolie
De la feuille qui tombe et du jour qui s’en va ;
A ce moment, en moi quelque chose se plie,
Quelque chose de fier qui souffrit et rêva.

Cette feuille qui tombe et qu’à jamais oublie
L’arbre, auquel tout à l’heure un souffle l’enleva,
Ce jour déjà mourant qui lutte et s’humilie
Comme un proscrit blessé que le ciel réprouva,

Cette feuille, ce jour, cet oubli, tout m’attriste.
Une seule pensée en mon esprit subsiste,
Qui me dit : C’est hiver ! qui me dit : C’est la nuit !

Demain, cieux et forêts rajeuniront encore…
Mais à la feuille morte, à l’heure qui s’enfuit,
Hélas ! qui parlera de printemps ou d’aurore ?…

Octobre 18…

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Commentaires

  1. Couleurs emblématiques
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    -- Liesse est de sinople, et non mélancolie ;
    Sable dit bonnement la simplesse qui va
    Et qui à fourberie nullement ne se plie.
    De gueules, c'est prouesse, et Quichotte en rêva.

    Azur est loyauté qui jamais ne s'oublie,
    Richesses sont d'argent que Crésus cultiva ;
    Noblesse est d'or très pur, qui à l'honneur se lie,
    Hermine est pureté que Jeanne préserva.

    Qui sur un seul écu ces sept couleurs arbore,
    N'a-t-il la perfection, que lui faut-il encore ?
    N'est-il un grand héros rempli de qualités ?

    -- À toutes ces couleurs pour ton mérite vendre,
    Ajoute carnation, cette nuance tendre,
    Qui de ton corps humain dit la fragilité.

  2. Serpent de juillet
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    De gueules, ce reptile, et de mélancolie !
    Seul dans le vieux Jardin, il ne sait où il va,
    À ses désirs, jamais personne ne se plie.
    Quand il se souvient d’Eve, il pense qu’il rêva.

    Ce sont pourtant des jeux qui jamais ne s’oublient,
    Ni le goût du beau fruit qu’un Père cultiva,
    Ni le goût du péché, qui au plaisir se lie
    Chez l’homme que nul ange ici ne préserva.

    Branche qui désormais de nouveaux fruits arbore,
    Crois-tu que des pécheurs vont t’aborder encore,
    Admirant ta douceur et te docilité ?

    Tu n’as plus de clients, tu ne pourras rien vendre,
    Mais le vent de l’Eden te dit des choses tendres,
    Comme jadis, ému de ta fragilité.

  3. Serpent de juillet
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    « Admirant ta douceur et ta docilité »
    (retouche au premier tercet).

  4. Papillon du crépuscule
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    J’ignore la mélancolie,
    Ma vie s’achève, et ça me va ;
    À ce monde rien ne nous lie,
    Chacun part comme il arriva.

    J’eus des plaisirs, je les oublie,
    J’oublie ce qui les entrava ;
    Ce corps dont la flamme est pâlie,
    Du temps rien ne le préserva.

    Adieu, lumière que j’adore,
    Adieu, mes cousins doryphores ;
    C’est le moment de se quitter;

    Sur tout cela, pourquoi m’étendre ?
    Je vais partir, paix à mes cendres,
    J’assume ma fragilité.

  5. Hermine
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    Profonde est ma mélancolie,
    Car de moi toute vie s’en va ;
    Ma blanche fourrure est salie,
    Où est l’espoir qui m’abreuva ?

    Ce monde est fait pour qu’on l’oublie,
    Qui d’éternité nous priva ;
    Car notre jeunesse jolie,
    Qui d’entre nous la conserva ?

    Ouvrant la boîte de Pandore,
    L’humain sa défaite élabore ;
    Et je vous dis la vérité.

    Ce qui s’éleva doit descendre
    Et ce qui brûle devient cendre ;
    Ne dis point que c’est mérité.

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Louisa SIEFERT

Portait de Louisa SIEFERT

Louisa Siefert, née à Lyon le 1er avril 1845 et morte à Pau le 21 octobre 1877, est une poétesse française. Issue d’une famille protestante établie à Lyon, elle reçoit une éducation religieuse. Son père était originaire de Prusse et sa mère du canton de Thurgovie en Suisse. Son premier recueil de poèmes,... [Lire la suite]

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