Poème 'Le tombeau de Charles Baudelaire' de Stéphane MALLARME dans 'Poésies'

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Le tombeau de Charles Baudelaire

Stéphane MALLARME
Recueil : "Poésies"

Le temple enseveli divulgue par la bouche
Sépulcrale d’égout bavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Tout le museau flambé comme un aboi farouche

Ou que le gaz récent torde la mèche louche
Essuyeuse on le sait des opprobres subis
Il allume hagard un immortel pubis
Dont le vol selon le réverbère découche

Quel feuillage séché dans les cités sans soir
Votif pourra bénir comme elle se rasseoir
Contre le marbre vainement de Baudelaire

Au voile qui la ceint absente avec frissons
Celle son Ombre même un poison tutélaire
Toujours à respirer si nous en périssons.

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Commentaires

  1. Cérémonie presque barbare
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    Le spectre fait sonner la trompe qu’il embouche.
    Il parle, revêtu de ses sombres habits,
    Et dans la catacombe où son timbre vrombit,
    Tremble une stalactite à la lueur farouche.

    Il lance sa parole obscure, à pleines louches,
    Sans jamais ralentir son abondant débit ;
    Le public prend courage, et, patient, la subit,
    Et ce spectre bavard en remet une couche.

    On ne sait si, dehors, c’est l’aurore ou le soir ;
    Seuls des privilégiés ont eu de quoi s’asseoir.
    Qui inspire le spectre ? Est-ce bien Baudelaire ?

    Ah ! Plus d’un auditeur se dit, dans un frisson,
    Qu’on est vraiment maudit si les mots tutélaires
    D’un éloge funèbre ont un goût de glaçons.

  2. Saint Bavard
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    Je parle de ce qui me touche,
    Je m’exprime Urbi et Orbi ;
    Je neveux pas être un zombi
    Gardant un silence farouche.

    Se taire, je trouve ça louche,
    Mais moi, j’arrose à plein débit ;
    Je n’ai pas besoin d’alibi,
    Pour en rajouter une couche.

    Ainsi du matin jusqu’au soir,
    Comme une vendange au pressoir
    Ou comme une source d’eau claire.

    D’aucuns voudraient couper le son ;
    Bien peu me chaut de leur déplaire,
    Ils n’ont qu’à rester ce qu’ils sont.

  3. Tombeau sur un beau ton ! ah ce Mallarmé mâle armé bien !

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