Poème 'Hommage – Le silence déjà funèbre d’une moire' de Stéphane MALLARME dans 'Poésies'

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Hommage – Le silence déjà funèbre d’une moire

Stéphane MALLARME
Recueil : "Poésies"

Le silence déjà funèbre d’une moire
Dispose plus qu’un pli seul sur le mobilier
Que doit un tassement du principal pilier
Précipiter avec le manque de mémoire.

Notre si vieil ébat triomphal du grimoire,
Hiéroglyphes dont s’exalte le millier
À propager de l’aile un frisson familier !
Enfouissez-le-moi plutôt dans une armoire.

Du souriant fracas originel haï
Entre elles de clartés maîtresses a jailli
Jusque vers un parvis né pour leur simulacre,

Trompettes tout haut d’or pâmé sur les vélins
Le dieu Richard Wagner irradiant un sacre
Mal tu par l’encre même en sanglots sibyllins.

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Commentaires

  1. Manoir biscornu
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    Le seigneur de ce lieu porte un blason de moire,
    Il en a parsemé son sobre mobilier ;
    Au milieu de la salle, un immense pilier
    S’orne de trois sonnets qu’il garde en sa mémoire.

    Ces textes merveilleux sont extraits d’un grimoire
    Où de pareils morceaux se comptent par milliers ;
    Au maître de maison certains sont familiers,
    Le gros livre est tiré bien souvent de l’armoire.

    Ici viennent dîner le prêtre et le bailli,
    Qui à ce rituel ont rarement failli ;
    De critiquer cette oeuvre ils font le simulacre.

    Quel scribe a disposé ces mots sur ce vélin ?
    Peut-être Saint Rémi, celui qui les rois sacre,
    La préface l’évoque en des mots sibyllins.

  2. Chapelle du Pluvian
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    S’illuminant dans la nuit noire,
    Voici des vitraux familiers ;
    Voici la nef aux lourds piliers,
    Voici le modeste oratoire.

    Ne cherche pas dans les grimoires
    Que tu possèdes par milliers ;
    Car ce caprice immobilier
    Leur reste inconnu, c’est notoire.

    Ces murs ont, sans témoins, jailli
    Dans la clairière d’un taillis ;
    C’est ce que dit le pluvian-diacre.

    Or, d’après cet oiseau malin,
    C’est un miracle de Saint Fiacre
    Ou même de Saint Broquelin.

  3. Hommage à la fugacité
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    Puisque la vie est transitoire,
    Prenons nos plaisirs journaliers ;
    Ces petits bonheurs familiers
    N’ont d’ailleurs rien d’ostentatoire.

    Vivons des heures sans déboires,
    Ne cherchons rien de singulier ;
    Ne soyons, en particulier,
    Pas trop snobs au moment de boire.

    Tant des nôtres ont défailli,
    Pour qui nos larmes ont jailli ;
    Frères que le destin massacre.

    Même le roi vêtu de lin
    Dans le grand carrosse du sacre
    Peut succomber, comme un vilain.

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