Poème 'Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui …' de Stéphane MALLARME

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Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui …

Stéphane MALLARME

Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie
Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
Il s’immobilise au songe froid de mépris
Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

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Commentaires

  1. Je ne comprend pas ce poème.
    Pourriez-vous me l'expliquer.

    Cordialement
    Fanny

  2. Les poèmes de Mallarmé communiquent une sensation avant tout. Mallarmé pense que la langue poétique ne doit pas servir à véhiculer un message, du genre de ceux que la prose suffit à faire passer. Il considère que (je cite) "nommer, c'est détruire les trois quarts de la jouissance, qui est faite de découvrir peu à peu", il laisse le lecteur au milieu du labyrinthe de ses vers ?
    C'est au lecteur de découvrir son chemin.

    Maintenant, il y a beaucoup d'exégèses universitaires consacrées à l'explication des poèmes de Mallarmé. Sans doute vous pourrez en trouver sur le Web ?

    Pour "le Cygne" on l'appelle le "Sonnet en i", parce le poème est entièrement construit sur la voyelle "i" qui domine à la rime et à l'intérieur du poème. C'est une sonorité aiguë qui peut semble froide mais lumineuse.

    Si l'on tient à trouver au poème un sens précis on sera déçu ; si l'on préfère la liberté d'interprétation plurielle on sera comblé. Quand même si l'on connaît la vie et la correspondance de Mallarmé, on verra que le Cygne ressemble au poète. On retrouvera les thèmes de "la stérilité" (difficulté de composer des vers neufs et purs), de la "virginité" (ambition de pureté et d'isolement du poète), et puis le goût de la "négation" ou de l'annulation du langage en lui-même (les vols qui n'ont pas fui, le poète qui n'a pas chanté, l'oiseau qui nie l'espace, l'abolition)... C'est peut-être une erreur de ma part, mais je trouve à ce poème un écho avec "L'Albatros" de Baudelaire. Le poète devant se produire devant les autres hommes, le sol où le plumage est pris, l'exil...

    J'ai l'impression d'une volonté positive malgré tout, le vierge, le vivace, le bel aujourd'hui, la volonté et l'inspiration poétique, vont lutter contre les obstacles de la vie ordinaire, banale. Le poète mesure les limites de son impact. Il est fantôme aux yeux de la plupart des vivants qui ne le comprennent pas, mais il crée, il invente, il renouvelle, il "secoue l'agonie" du monde même depuis l'exil où ce monde l'oblige à vivre.

    Voilà ce sont des notes improvisées qui me viennent à la lecture, vous trouverez sûrement mieux ailleurs. Mais en résumé la meilleure façon de "comprendre" le poème est "d'en être compris" comme écrit Louis Latourre un poète actuel. Apprenez "le Cygne" ou lisez-le, récitez-le en vous même.

    Cordialement

    FTrestier

    A propos de Mallarmé toujours, on trouve depuis peu en ligne un extrait vidéo de son poème Hérodiade (c'est rare) c'est ici :

    http://www.youtube.com/watch?v=3TbQORU90pw

  3. Ce que je ne comprend personnellement c'est la dernière phrase "que vêt parmi l'exil inutile le Cygne".
    et la phrase "pour n'avoir pas chanter la région où vivre ". Dénoncerait-il l'exil comme cette mort et les quelques beautés comme l'espoir ? L'exil n'empecherai pas l'inspiration ...
    Merci de toutes réponses pour me débarasser de ces petites incompréhensions.

  4. Ah... le cygne mallarméen... combien il m'intrigue car j'ai peine à le comprendre, même après une brève explication de la part de ma prof de lettres. J'ai l'impression de voir une opposition entre un cygne se souvenant "Un cygne d'autrefois se souvient" (inscription rétrospective) et un cygne qui "secouera" son col : une opposition passé / futur et que j'ai du mal à saisir. Le cygne est-il présentement prisonnier ou se remémore t-il le moment où il fut prisonnier dans cette glace ? Et la tradition antique est-elle abolie ? L'Antiquité disait que le cygne, juste avant de mourir, clame un chant magnifique ultime alors que le cygne est réputé pour son chant rocailleux et discordant. Dans le poème de Mallarmé, le cygne est-il en train de mourir ? ou se souvient-il qu'il a frôlé la mort ? est-il en train de chanter ?
    Ensuite, pourquoi une négation de l'espace ("Par l'espace infligé à l'oiseau qui le nie") ? et pourquoi une "horreur du sol" ? puisque cette ancrage conféré par la cristallisation permet la fixation, l'ancrage du sens et donc l'avènement du poème... Quelqu'un aurait-il des explications à ce poème pour en débrouissailler le sens obscur ?

  5. A mon sens, "ce lac dur oublié que hante sous le givre
    Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui".....c'est l'inconscient, qui retient -encore-, ses trésors.
    Regrets de celui qui sait qu'il aurait pu être poète, et qui, rattrapé par l'hiver de sa vie, prend conscience du temps passé, perdu dans l'incapacité à écrire.
    Contrairement à l'albatros de Baudelaire, qui sait s'élever au-dessus du vulgaire, ce cygne-là est à l'agonie, prisonnier de sa condition terrestre.
    C'est bien du Mallarmé!

  6. Firmament très lointain
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    Le ciel a pris des tons surréels aujourd’hui ;
    Ceux de la météo, peut-être, furent ivres,
    Qui à ce tiède hiver n’ont point offert de givre,
    Un astre s’est montré, qui, brusquement, a fui.

    Le gars de la radio dit que ce n’est pas lui ;
    De cette étrangeté, sa conscience il délivre,
    Avec ce ciel bizarre, on peut aussi bien vivre,
    Je ne crois pas qu’il veuille apporter des ennuis.

    Mais si cette planète était à l’agonie ?
    Non, cela ne se peut, Claude Allègre le nie ;
    Et c’est un érudit, qui a beaucoup appris.

    Savoir ce qui, aux cieux, telle couleur assigne,
    Peut-être un changement dont ils seraient épris ?
    Ou bien, plus simplement, la migration des cygnes.

  7. Bonjours, moi ce que je n'ai tout simplement pas compris c'est le sens de ce poème et j'ai vraiment besoin d'aide pour le comprendre

  8. merci d'avance

  9. Arbre-Chevalier
    --------------

    L’arbre porte un écu de bataille aujourd’hui,
    C’est ce qu’il fait, dit-on, chaque fois qu’il est ivre ;
    En été sous la feuille, en hiver sous le givre,
    Ceux qui l’ont vu ainsi, pour la plupart, ont fui.

    L’arbre dit que la guerre est un métier pour lui ;
    Que du gris quotidien, les combats le délivrent,
    Que porter une armure est sa raison de vivre
    Et que c’est un moyen pour surmonter l’ennui.

    Cependant la forêt n’est pas à l’agonie,
    Elle se porte bien, nul arbre ne le nie,
    Et se battre est souvent le fait d’un malappris.

    Ce rôle de soldat qu’à lui-même il assigne,
    Cet écu de métal dont il est tant épris,
    De sa sénilité, sans doute, sont le signe.

  10. Peut-être cette ébauche d'explication viendra-t-elle un peu tard... À la base, Mallarmé s'est servi, comme d'autres poètes de son temps, d'un fait divers (d'un fait d'hiver).
    Un hiver où il avait fait particulièrement froid à Paris, un cygne s'est trouvé pris dans la glace (le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui) , battant des ailes pour tenter d'échapper à la mort (tout son col secouera cette blanche agonie).
    Mainteant je suis tout à fait d'accord a

  11. Suite du commentaire précédent:
    Je suis tout à fait d'accord avec le premier commentaire sur l'analogie avec l'Albatros de Baudelaire. L'analogie est forte, notamment dans le deuxième quatrain.

  12. Grandeur de l’ambicygne
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    J’ai vu cet animal remarquable, aujourd’hui,
    Je me suis demandé si je n’étais pas ivre ;
    C’est un énorme oiseau, plus blanc que n’est le givre,
    Souvent, à son aspect, des prédateurs ont fui.

    Les canards du bassin sont sans crainte de lui,
    Car leur naïveté de la peur les délivre ;
    Il mange leur poisson, mais il les laisse vivre,
    Et personne n’ira lui chercher des ennuis.

    Il écoute des oies l’étrange litanie,
    C’est un être patient, personne ne le nie,
    Il aime son prochain, je n’en suis pas surpris.

    C’est un noble sans fief, sans maître et sans insignes,
    Car de simplicité toujours il fut épris ;
    J’ai le plus grand respect pour le bel Ambicygne.

  13. Pont transtemporel
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    D’autrefois vers demain, cheminant aujourd’hui,
    Tu dois franchir le pont sur lequel chacun marche ;
    Il est plaisant à voir, il a de belles arches,
    Tu peux voir, au-dessous, le fleuve qui s’enfuit.

    Il a vu défiler des rois, des patriarches,
    Sous la lune d’argent, sous le soleil qui luit ;
    Passants pleins d’enthousiasme, errants chargés d’ennui,
    La différence entre eux se voit à leur démarche.

    Cette mer inconnue où les fleuves se jettent
    Est, disent les chercheurs, aux ouragans sujette,
    Plus d’un vaillant navire en fut désemparé.

    Qui survole ces eaux, sinon les hirondelles,
    Messagères d’espoir ; j’aime les admirer,
    Qui connaissent nos murs et s’y montrent fidèles.

  14. Ce jour est le seul jour
    -----

    Il te faut goûter
    À la saveur d'aujourd'hui,
    Bien avant le soir.

  15. "J'ai l'impression d'une volonté positive malgré tout, le vierge, le vivace, le bel aujourd'hui, la volonté et l'inspiration poétique, vont lutter contre les obstacles de la vie ordinaire, banale." (daydream) Je partage cette impression et je remercie "d'en être compris".

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