Poème 'Les Vierges au crépuscule' de Albert SAMAIN dans 'Aux flancs du vase'

Les Vierges au crépuscule

Albert SAMAIN
Recueil : "Aux flancs du vase"

— Naïs, je ne vois plus la couleur de tes bagues…
— Lydé, je ne vois plus les cygnes sur les vagues…
— Naïs, n’entends-tu pas la flûte des bergers ?
— Lydé, ne sens-tu pas l’odeur des orangers ?
— D’où vient qu’en moi, Naïs, monte un frisson amer
À regarder mourir le soleil sur la mer ?
— D’où vient ainsi, Lydé, qu’en frémissant j’écoute
Le bruit lointain des chars qui rentrent sur la route ?
Et Naïs et Lydé, les vierges de quinze ans,
Seules sur la terrasse aux parfums épuisants,
Sentent leur cœur trop lourd fondre en larmes obscures
Et, sous leurs fronts penchés mêlant leurs chevelures,
D’une étreinte où la bouche à la bouche s’unit,
Sanglotent doucement dans le soir infini…

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Commentaires

  1. Un page de la Cour
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    C'est la fille du roi qui m'offrit une bague,
    Elle qui maintenant navigue au long des vagues ;
    Et moi, je deviendrai peut-être un doux berger
    Ou bien un jardinier soignant les orangers.

    S'il se tourne vers toi, mon regard est amer,
    Toi que j'aimais tant voir, splendide et vaste mer ;
    Et les oiseaux marins, lorsque je les écoute,
    Je n'aime plus leur voix, ça me met en déroute.

    Je partirai d'ici, pour des mois, pour des ans,
    Et je ne craindrai pas les trajets épuisants ;
    Et je surmonterai les embûches du monde,
    Mais nul ne me verra naviguer sur les ondes.

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