Poème 'Mon copain' de ATOS

Mon copain

ATOS

Le p’tit bonhomme,sur le chemin de l’école,
S’en va gravement, balance les épaules,
Se donne de l’assurance,
Ses baskets sont trop grandes,
Et ses lacets toujours défaits.
Ses poings sont si lourds au fond de ses poches.
Le p’tit lutin traverse la nuit qui s’en va se coucher.
Ses envies sont instantanées,
il est le sauvage des quartiers de la cité,
Mascotte des caves, des blocs et du supermarché.
Mais il suffit d’un sourire
Pour que le p’tit bonhomme oublie sa fierté.
Il vous crie bonjour comme on lance une balle.
Il faut savoir crier pour régner sur la dalle,
Et ne jamais demander son reste,
De toute façon il n’a toujours que les miettes.

Chaque matin sur le chemin,
Je croise son destin,
Chaque matin il me salue,
D’un geste rapide,
D’un pas très assuré,
Sans plus.

N’écoute jamais, bonhomme,
Ceux qui te nomment le gosse perdu.
Ignore ceux qui t’appelleront mon frère
en vertu d’une dose, d’un sachet, d’une rivière de cailloux.
Tous ceux pour qui, bonhomme,
Tu ne vaux pas plus qu’une balle perdue.

Je m’ fais du soucis pour le pt ‘tit bonhomme
Je m’ fais bien du tracas pour ce pt’ tit bout là.
Alors chaque matin je lui souris
Et je crève de peur pour lui.
Alors chaque matin,
Je le bénis et je crains pour sa vie.

Ce p’ tit bonhomme deviendra pt’ être un homme
Qui n’aura que ses poings pour tenter de rêver,
Qui n’aura pas la force de choisir un royaume,
Et qui ne saura jamais pourquoi
Tout cela a bien pu leur arriver.

Il sera le roi des quartiers de la Santé.
Il sera le rat des sous sols de la cité.
De feux de poubelle en faits divers,
Un fou à lier ,
Imbibé ou camé,
Bête à s’en vautrer sur la dalle.
Ou bête à s’en prendre une balle.

Alors court bonhomme!
Court vers ton école,
Ne fais pas comme la nuit,
Ne va pas te coucher!
Ne crève pas d’ennui dans ces villes périmées.
Là bas tu as ta place, une place réservée,
Tu dois être plus fort, parce que l’on ne t’a rien donné.
Oublie les caves et les cages d’escalier.
Court, bonhomme,
Court pour grandir et avoir une chance!
La chance d’appendre
Qu’un poing levé pourrait un jour
Faire trembler tous ceux qui t’ignoraient,
La chance de comprendre
Que le soleil devra un jour avoir le droit de cité.

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