Poème 'Notre je' de ATOS

Notre je

ATOS

Penser l’autre.
Le penser tout en fait.
Dans ce qu’il a de plus entier,
De plus naturel.
Essentiel.
Le penser ,
Et comprendre ce que nous sommes.
Ce nous,
Étrange, perturbant,
Énorme, étouffant.
Ce nous
Qui envahit
Ce nous
Redoutable.
Une multitude inquiétante
Réverbérante.
Ce nous
qui nous remplissons de notre je.
Ce nous
Dans lequel nous nous débattons
Pour tenter de nous extraire.
Ce nous
Sable mouvant,
Glaise entêtante
Matière chaude, instable, gluante.
Mais ce nous
Qui nous taillade,
Hors de l’autre.
Raisonner sur le je.
Jeu de soi.
Sortie de l’autre
Perte de soi.
Alors penser l’autre
Comprendre le lien
Cordon animal
Ce nous
Incroyable
Ce nous primal
Perpétuel.
Haleine de nos peurs.
Naitre et renaître sans cesse à soi
Mais en mourir aux autres.
Essentiellement vivant,
Et ce rappel à ce nous.
Tambour de l’âme
Pulsations des entrailles de la meute ,
Raisonner sur l’autre,
Vibrer contre l’autre,
S’entendre battre en l’autre.
Recevoir ses plaies
Ne pas en exiger le sens.
Par ces peurs, ses angoisses et ses doutes.
Le considérer totalement.
L’intégrité de son je.
Se retirer et le laisser prendre place
Respecter l’autre dans son cri
Dans sa joie.
Entendre l’autre
Le rejoindre,
Ne pas chercher l’écho
Recevoir la voix de l’autre
Y voir apparaître sa propre voie.
Chasser l’impudeur par la délivrance.
Ne pas craindre la fragilité du je.
Ne pas craindre de se perdre en ce nous.
Mais pleinement féconder ce nous.
Ce je par ce nous.
Ce nous en ce je.
Être lourd de ce nous.
Le porter
Être
Enfin pleinement.
Accompagner l’autre.
Pleurer avec l’autre contre soi.
Se construire soi
En folle géométrie
Prenant appui sur la force contraire
Élevant confiance, attente, et patience,
Ogives d’exigences
Donnant naissance à la plus solide des voutes:
L’écrin d’ un chœur fort et palpitant.
Apprendre sans relâche de ce nous,
Par la compréhension de ce je.
Penser l’autre pour se panser soi.
Nous sommes formes
Je suis bosse, tu es creux
Ni uniformes
Ni informes
Je suis flux, tu es reflux
Je suis le vide, tu es paroi
Nous sommes par la résonance des autres.
Attirés par nos dissemblances
en constante polarité,
Sensuelle attirance,
En cruelle errance,
Troublante ressemblance.
Penser l’ autre, profondément, intensément,
Quintessence du je..
Et le recueillir en soi,
Symbiose nourricière.
Un pas de deux,
Mon mouvement existe par ton mouvement.
Un ensemble ni parfait, ni exact,
Surpris par la cohérence de l’ensemble.
Accepter d’ être penser en l’autre
Exutoire de toute frayeur.
Se rendre enfin aux matins des autres
Et voir apparaitre dans cette incroyable lumière
Tout de ce qu’on ne soupçonnait pas en soi.
Tu penses en moi
Et je pense en toi.
De ces scytales faisons Loi.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS