Poème 'Panthéon' de Louis MÉNARD dans 'Poèmes'

Panthéon

Louis MÉNARD
Recueil : "Poèmes"

Le temple idéal où vont mes prières
Renferme tous les Dieux que le monde a connus.
Évoqués à la fois de tous les sanctuaires,
Anciens et nouveaux, tous ils sont venus ;

Les Dieux qu’enfanta la Nuit primitive
Avant le premier jour de la création,
Ceux qu’adore, en ses jours de vieillesse tardive,
La terre, attendant sa rédemption ;

Ceux qui, s’entourant d’ombre et de silence,
Contemplent, à travers l’éternité sans fin,
Le monde, qui toujours finit et recommence
Dans l’illusion du rêve divin ;

Et les Dieux de l’ordre et de l’harmonie,
Qui, dans les profondeurs du multiple univers,
Font ruisseler les flots bouillonnants de la vie,
Et des sphères d’or règlent les concerts ;

Et les Dieux guerriers, les vertus vivantes
Qui marchent dans leur force et leur mâle beauté,
Guidant les peuples fiers et les races puissantes
Vers les saints combats de la liberté ;

Tous sont là : pour eux l’encens fume encore,
La voix des hymnes monte ainsi qu’aux jours de foi ;
À l’entour de l’autel, un peuple immense adore
Le dernier mystère et la grande loi.

Car c’est là qu’un Dieu s’offre en sacrifice :
Il faut le bec sanglant du vautour éternel
Ou l’infâme gibet de l’éternel supplice,
Pour faire monter l’âme humaine au ciel.

Tous les grands héros, les saints en prière,
Veulent avoir leur part des divines douleurs ;
Le bûcher sur l’Œta, la croix sur le Calvaire,
Et le ciel, au prix du sang et des pleurs.

Mais au fond du temple est une chapelle
Discrète et recueillie, où, des cieux entr’ouverts,
La colombe divine ombrage de son aile
Un lis pur, éclos sous les palmiers verts.

Fleur du paradis, Vierge immaculée,
Puisque ton chaste sein conçut le dernier Dieu,
Règne auprès de ton fils, rayonnante, étoilée,
Les pieds sur la lune, au fond du ciel bleu.

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Commentaires

  1. Drôles d'oiseaux
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    Les parents de Piaf-Tonnerre
    Furent oiseaux inconnus ;
    Loin de tous les sanctuaires,
    En ce monde ils sont venus.

    Menant la vie primitive
    Du Cosmos en création,
    Leur démarche fut hâtive,
    Mais sans précipitation.

    Goûtant l'ombre et le silence
    Et les horizons sans fin
    Où d'autres mondes commencent,
    Ils n'avaient rien de divin.

    Ils ressentaient l'harmonie,
    Cependant, de l'univers,
    Et les cent voix de la vie
    S'unissant dans un concert.

    En ce temps, les fleurs vivantes
    Rivalisaient de beauté,
    Sous les tornades puissantes
    Conservant leur liberté.

    Ce monde subsiste encore ;
    Mais c'est en songe, ma foi !
    C'est en rêve que se dore
    Le blason des vieilles lois.

    C'est un goût de sacrifice
    Ici, qui règne, éternel :
    Comme une envie de supplice
    Chaque jour tombant du ciel.

    Madeleine immaculée
    Dont pleurent les jolis yeux,
    Quelle oiselle désolée
    Pour les oisillons de Dieu !

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Louis MÉNARD

Portait de Louis MÉNARD

Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]

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