Poème 'Papier chiffon' de ATOS

Papier chiffon

ATOS

Longtemps, j’aurai voulu te dire ces mots.
Je les avais là sur moi.
Bien pliés. Jamais oubliés.
Je les avais là en moi.
Tout contre moi
J’ai tout traversé avec ces mots là.
des bouts de sons en milliers d’images
Des passages secrets qui devaient te mener en moi
Je savais comment les assembler. J’avais la clé.
J’ai eu tellement de temps pour y penser.
Pour raconter.
Je les avais ces mots.
Gardés, veillés, bercés
Fallait que j’me rappelle,
tout le temps je les traînais
Je les ai protégés.
Jamais utilisés.
Fallait que je te les donne
que je te les montre
que je te les dise au moins pour la première fois.
Longtemps j’aurai voulu les lire au fond de toi.
J’avais les mots, je n’avais que ça.
Mais tout et trop vite
ça ne se comprend pas.
Regarde, regarde,
là, celui là par exemple
c’est juste le début du soir
C’est important le soir,
je veux dire pour la nuit.
C’est important d’avoir un bon soir.
Même un seul, au moins un
on est moins seul après pour la vie.
Celui là, c’est le dessin de la pluie,
et puis là c’est
attends, non comme ça
c’est une suite
ça ne mène nul part mais ça sent bon
touche ou alors regarde
comme tu veux
ça n’a pas de sens
après, c’est comme une suite,
ça ne doit pas avoir de sens.
celui là c’est un tonnerre dans le vers de minuit
et puis la crinière d’un réverbère, un paraciel d’hirondelle, une corbeille à folie,
une majuscule un rien ridicule,
et puis, virgule….
Vu comme ça elle un air qui pourrait lâcher son affaire mais elle tient bon.
Toujours.
Ça ? Une bascule à jurons.
Un filet à saisons,
une étincelle au coin de la ville
un oeil en chemise, et ça c’était la dernière goutte d’un sommeil.
Là maintenant évidement on ne peut pas bien se rendre compte
mais avant avant çà tenait,
ça filait pas bien droit
mais ça se tenait tout ça.
Entre mes mains.
Les mots sont là.
Mais tous et trop vite
ça ne se comprend pas.
Alors on ne peut plus rien en lire.
Longtemps, j’aurai tellement voulu dire ces mots.
Au moins une fois.
Les entendre vers toi.
Tous ces mots n’ont servi à rien.
Bien pliés. Jamais oubliés.
Je les avais là en moi.
Et pour finir, tous contre moi.

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