Poème 'Sémiramis' de Théodore de BANVILLE dans 'Les princesses'

Sémiramis

Théodore de BANVILLE
Recueil : "Les princesses"

Elle ne voulut jamais se marier légitimement, afin de ne pas être privée de la souveraineté ; mais elle choisissait les plus beaux hommes de son armée, et, après leur avoir accordé ses faveurs, elle les faisait disparaître.

Diodore de Sicile, Livre II. Trad. Ferdinand Hoefer.

Sémiramis, qui règne et dont la gloire éclate,
Mène après elle, ainsi que le ferait un Dieu,
Les rois vaincus ; on voit dans une mer de feu
Les astres resplendir sur sa robe écarlate.

Attentive à la voix du fleuve qui la flatte,
Elle écoute gémir et chanter le flot bleu,
En traversant le pont triomphal que par jeu
Sa main dominatrice a jeté sur l’Euphrate.

Or, tandis qu’elle passe, humiliant le jour,
Un soldat bactrien murmure, fou d’amour :
« Je voudrais la tenir entre mes bras, dussé-je,

Après, être mangé tout vivant par des chiens ! »
Alors Sémiramis, la colombe de neige,
Tourne vers lui son front céleste et lui dit : « Viens ! »

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Commentaires

  1. Rhapsode exalté
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    En évoquant l'amour et la mort, tu t'éclates,
    Banville, noble barde, et tu te fais un jeu
    De nous montrer la reine allumant, comme un feu,
    Le ravageur désir dans un coeur écarlate.

    Sous ta plume, qui l'orne, et doctement le flatte,
    Cupidon s'applaudit d'être le meilleur dieu
    Qui oncques n'ait plané sur un fond de ciel bleu,
    Ainsi que ton écrit justement le relate.

    Le soldat, cependant, voit décliner le jour ;
    Il commence à douter du pouvoir de l'amour
    Et même, osons le dire, à soupçonner un piège.

    Ils salivent déjà en gémissant, les chiens,
    Tandis qu'au sanctuaire où l'immolateur siège,
    Moloch se réjouit de l'offrande qui vient.

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