Poème 'Sonnet : Que j’aime le premier frisson d’hiver…' de Alfred de MUSSET dans 'Premières poésies'

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Sonnet : Que j’aime le premier frisson d’hiver…

Alfred de MUSSET
Recueil : "Premières poésies"

Que j’aime le premier frisson d’hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer ;

C’est le temps de la ville. – Oh ! lorsque l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),

Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. – Et toi, ma vie, et toi !

Oh ! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme
Je saluais tes murs. – Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre coeur sitôt avait changé pour moi ?

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Commentaires

  1. Lune des éléphants
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    Ce sont trois éléphants, toujours nourris de chaume,
    Sous un triste fardeau n'ayant jamais ployé,
    Quand la lune s'en vient dans la nuit qui embaume,
    Ils s'en vont, tous les trois, rejoindre leur foyer.

    Le plus jeune des trois est né de l'an dernier,
    À peine connaît-il, du ciel, le vaste dôme ;
    Les deux autres, deux vieux sujets de ce royaume,
    Se rappellent l'enfant qu'ils entendaient crier.

    Jamais ils ne verront les rives de la Seine,
    À quoi l'indifférence, en eux, est souveraine ;
    Pas plus qu'ils ne voudront s'installer sous un toit.

    C'est la sérénité qui fait vivre leur âme,
    Et nul besoin, pour eux, de prier Notre-Dame :
    La lune leur suffit, nouvelle chaque mois.

  2. Éléphant de l’alchimiste
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    Trouvant des ingrédients, nullement il ne chôme,
    C’est un brave éléphant, c’est un bon employé;
    De sa récolte on fait toutes sortes de baumes
    Qui rendent bien service au sein de nos foyers.

    À goûter le vin rouge il n’est pas le dernier ;
    Il me dit que selon les mots de saint Jérôme ,
    Le sang du charpentier nous ouvre un beau royaume,
    Pourtant, au grand jamais, je ne l’ai vu prier.

    Il apprit des chansons auprès d’une sirène,
    Il fit quelques séjours au logis de la Reine;
    Mais du vieil alchimiste il préfère le toit.

    Du féroce athanor il maîtrise la flamme,
    Car son esprit est vif, et limpide est son âme;
    En bref, cet animal est comme vous et moi.

  3. Au vert marbre

    Cette berge du Cher où s'endort Chenonceau
    Et ses donjons a vu tant de ces demoiselles,
    Blanches comme le lys riant sous les tonnelles,
    A leur front, cet orgueil qui troublait leurs vassaux ;

    Elles aimaient - Jouer parmi les arbrisseaux,
    Avec la nacre au cou, lin, velours et dentelle,
    L'une se nommait Rose et l'autre Gabrielle -
    Mugueter, s'aspergeant dans les joyeux ruisseaux.

    Aujourd'hui, ces beautés sous les ronces fleuries
    Ont oublié l'odeur des fleurs épanouies,
    Elles gisent au vert marbre de l'Inconnu ;

    Et quelquefois le flot dans sa crue empoignée
    Vient sur leur lit glacé, lugubre, triste, si nu,
    Puis s’étend tel un pleur dans l'orbite baignée.

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