Poème 'Une vie en enfer' de ATOS

Une vie en enfer

ATOS

Si tu devais me dire le printemps,
Sans doute, léger, nommerais tu:
Le vert, l’éveil,
La sève, la rosée,
Et la belle de mai.

Moi, je te dirais les choses comme elles venaient
Lorsque je t’attendais:
La flamme qui me tenait éveillée,
Le ciel que je chérissais,
Mon coeur qui battait,
la fraîcheur des candeurs,
L’importance de l’heure,
et même ,
Vois tu,
Le dessin d’une nuque dans ma main,
Abandonnée.

Si tu devais me dire l’été
Sans doute voici les mots qui te plairais:
L’astre d’or,
La courbe des blés,
Les collines embrasées,
et même le sel sur une joue déposée.

Moi, je pourrais te décrire cette saison lorsqu’elle m’emportait:
Ces mots qui, au monde, remettaient le jour,
La courbe d’un ventre qui donnait à mes gestes l’harmonique cadence,
Ce souffle qui m’apportait tout ce j’avais ignoré,
Et le goût de ce miel naît dans les premiers rayons de l’éveil.

Sans doute saurais tu tout aussi bien me dire l’automne
Voici peut être les mots que tu choisirais:
L’ocre, et la feuille morte,
Le sillage du cygne,
la révérence des jours
Et l’odeur de la tourbe.

Mais, crois le encore,
Je saurais toujours prononcer la lumière de ces jours:
L’ombre qui écarte un regard,
Les gouttes de cette pluie que le doute fait pleuvoir,
Une route qui sans bruit se prépare,
Le décompte partial des jours sans sommeil,
Et le parfum d’une présence dans le secret d’une toile.

De même pourrais tu me donnais l’impression de l’hiver
Alors bien sûr te viendrait:
Le frimas et le givre,
La blancheur des toits
Le brame d’un seigneur au bois
Et la ferveur du choeur de minuit.

Moi, je vis toujours dans un éternel enfer,
Dont la saison m’ôtera la raison.
Je vis l’espace d’être sans toi,
Je respire une haleine que je ne partage pas,
Je marche dans le silence de tes pas,
Et je m’empale, au coeur de la nuit, sur les branches d’une étoile.

Pourras tu, sans doute, me dire toute saison sans détour.
Je ne saurai te dire pourquoi tu me manques toujours.
A la mémoire de ces beaux jours,
Je lève mes rêves chaque jour.

Vraiment,
Tout cela en valait il ma peine?

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